W H E R E  I S  M Y  M I N D

Môme consumée de folie, elle égratigne ses doigts à la surface des ronces, laissant les cannibales épines lui entacher les paumes. Elle exorcise les travers et les vices, elle s'inflige le châtiment des suicidaires inconsolés.
Ombre lourde et mouvante, elle arpente les remparts de ce lieu maudit. Elle hésite encore à entrer. Entrer pour se perdre dans ces couloirs infinis. De sa main valide elle essuie sa paume meurtrie, là où s'entremêlent des alliances vermeilles, fiancée d'un destin condamné.
Elle rabat la capuche noire qui couvre les flammes mourantes de ses mèches bien trop voyantes, se postant devant l'entrée du labyrinthe à la bouche béante, ouverte sur ce jeu malsain.
Ses mains glissent au fond de ses poches, alors que ses ongles salis de terre rencontrent le métal froid d'une simple pièce ciselée. Le cercle de fer tournoi entre son index et son pouce, menace d'un terrible coup de poker.
Pile je rentre.
Face j'me tire.

Elle s'est perdue l'enfant esseulée. A trop vouloir jouer, à trop vouloir tenter.
Elle pense à Lula. Lula qu'elle a perdu d'la même façon qu'elle se perd elle même. Par égoïsme, inadvertance, inattention. Elle pense à sa connerie, elle pense à ses ignominies. Et elle s’injurie. Elle se meurtrie.
Elle a perdu son propre esprit. Et au milieu de ces couloirs labyrinthique, elle a la raison qui chavire, le palpitant qui frémit, et la folie qui menace.
Les branches se meuvent soudain. Au détour d'un chemin se trouve quelqu'un.
Quelqu'un qui vient rompre cette solitude morbide.
Essuyant ses yeux humides des fantômes ressurgis, elle étale le sang de sa paume, l'indienne ensanglantée qui ressemble à une gamine apeurée.
Il est temps de jouer.
« T'es perdu ? » elle sait qu'elle va le faire sursauter, elle et ses cheveux fauve sous sa capuche sombre, elle et ses grands yeux poupins presque trop avenants. Elle et son sourire angélique qui cache les cicatrices de sa dégénérescence. « Tu veux sortir ? »
Un sourire enjôleur efface les traces de sa tristesse. Un sourire dévastateur de chasseur affamé. « J'te laisse le choix. »
Elle fait tournoyer sa pièce entre ses doigts, levant les mains innocemment, signe qu'elle à l’apparence d'une femme désarmée.
« Pile j'te fais sortir. »
Ses yeux sillonnent un chemin étroit qu'elle entreprend comme une sortie potentielle. Ses yeux s'égarent mais ne se pose pas sur l'homme.
« Face j'te fais rester ? »
Les ambres printanières s'illuminent d'une drôle de lueur tentatrice. Pauvre amatrice. Elle allait devoir faire mieux que ça.
La pièce tournoie sous ses doigts, et le son qu'elle siffle est inaudible. Le son mortel d'un jeu hasardeux, où le mensonge signe les lois.
Car la vérité est là : Pile je te tue. Face je te tue.

W H E R E  I S  M Y  M I N D

Elle se souvient de s’être fait comète, enfant endiablée au sourire acharné. Elle se souvient avoir laissé crépiter le bout de ses doigts avant de violemment faire tourner la roulette russe. Elle se souvient d’avoir promis des baisers avant de tous les entacher. De l’explosion vermeille d’une balle bien logée.
Mais elle se souvient aussi de ne jamais les avoir achevés.
Y’avait ce goût cuivré dans le fond de sa gorge. Celui de la mort, celui de sang. Le goût d’un avenir imbibé de sang. Celui d’un passé recouvert d’un linceul blanc. Alors évidemment quand elle est apparu la première fois, les pixels fourmillants sur sa peau, elle a joué les intimidées, les gamines aux cinq sens aveugles. Enfant de l’ombre, elle a préféré restée planquée dans le QG, ne pas trop s’aventurer, protégeant le feu brûlant de ses cheveux trop visibles. Et puis elle a perçu, ce qu’elle éveillait, ce qu’elle invoquait. Et si la gâchette qu’elle apprenait à manier à la perfection sur des silhouettes inanimées, se révélait un cauchemar dans la réalité du DARWIN’S GAME, l’usage charmant de ses courbes lui n’avait de prix que la victoire.
« Absolument pas perdu, non. » répondit l’inconnu. Poupée morbide, elle avait bien perdu. Si l’avatar qui reprenait ses faits et gestes n’était que la copie factice de son corps réel, cette foutue réalité l’avait finalement bien rattrapé. On ne trompe pas le DARWIN, même à la force des paillettes et des jeux de miroirs. Et le gamin face à elle n’entrait définitivement pas dans son jeu. D’ailleurs qui le faisait désormais ? Môme blafarde, à l’incendie capillaire, au carmin qui s’écoule des paumes et à la lame émoussée prise dans sa poche. « La question est de savoir qui va sortir. Toi ou moi ? Pile ou face ? »
Un sourire emprunt de tristesse s’empare des lèvres de Vulpina. Elle a le grondement chaotique d’une team en délire qui lui vrille l’esprit. Conduis toi comme tu le devrais, pour une fois putain, Vulpina, soit une CAHO. LA pièce saute de son pouce, fendant l’air en tournoyant avant de se coller à sa paume ensanglantée, dévoilant l’un de ces côtés. Le sort en est jeté. D’un geste rapide elle extirpe le poignard qui lui reste, triste arme qui témoigne de sa détresse. « Allez frappe mon ange, si la mort ne t’fais pas peur. » L’arme blanche danse entre ses phalanges, poupée charmeuse qui n’a que ses deux jambes pour appuie. Elle a tout d’une faible, mais possède aussi l’arrogance des titans.

50 places vie 8/10

Est-ce que la mort me fait peur ? Je suis incapable de le savoir, incapable de le dire à voix haute. Elle ne me fait pas peur parce que lorsque je me concentre sur elle, je réalise que je n’ai pas les épaules pour la vie que je me suis créé, je réalise que j’ai des dettes, que je dois de l’argent à des gens qui finiront par me détruire. Et si je meurs en IRL, je meurs dans le jeu, je n’existe plus. C’est le game over, si on peut vraiment le dire comme ça. Mais je n’ai pas peur de la mort, ici. Même si ça me ferait chier parce que cela me donnerait une allure relativement minable. Ce n’est pas vers mon couteau que ma main se dirige. Ma lame, à ma ceinture, attire bien plus vite mon attention et mes gestes. Je n’ai jamais tué personne, et j’ai envie de voir ça arriver. C’est un fait. Je ne sais juste pas totalement comment m’y prendre et j’ai également peur de faire une bourde qui pourrait me coûter la vie. Pire encore, elle paraît frêle mais il y a ce petit quelque chose dans son regard qui ne me garde pas très à l’aise et qui m’empêche véritablement de respirer.

Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je dégaine, alors que je l’observe, alors que je me tourne finalement vers elle. Agacé par sa désinvolture et par l’étrange sensation qu’elle sait bien trop ce qu’elle fait. Il faut, à tout prix, que les choses s’améliorent, il faut à tout prix que je montre ce dont je suis capable, que je montre que je ne suis pas le minable qu’on me soupçonne d’être. Sauf que, lorsqu’on n’a jamais tué personne, j’ai l’impression que ça rend la situation un peu plus complexe qu’elle ne pourrait l’être. « Je n’ai jamais tué personne mais comme on dit, il faut une première fois à tout ». Et je m’élance, non sans une dernière hésitation. Je crois, d’ailleurs, que c’est elle qui m’empêche de réussir exactement ce que je veux, que c’est elle qui me pousse à la panique, qui m’empêche de faire les choses correctement, aussi. Et sans doute est-ce mon hésitation et mes craintes qui font que… Je fais l’erreur de prendre un coup, avant même d’en avoir infligé un..

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La dent tranchante ricoche au creux de ses phalanges, dance macabre d’une mort échafaudée dans un esprit détraqué. A quoi tu joues Ripley ? L’enfant que la mort effrayait, la voilà qui se complait à faire trembler les vivants. Elle le perçoit dans l’air ambiant, les frêles gestes qu’il esquisse pour l’affronter dans ce corps à corps de titans. Et son sourire n’en est que plus effrayant, rassasiée d’entendre la peur battre au fond de son palpitant. Mais il ne flanche pas le môme tremblant, il prend de l’aisance, ne craignant pas les monstrueuses toiles d’une araignée affamée.
J’vais t’saigner, murmure sa lame. J’vais te faire faire danser, la valse sanglante des débutants. « Je n’ai jamais tué personne mais comme on dit, il faut une première fois à tout » avoue-t-il sans le moindre tabou, découvrant qu’il n’a pas peur de mettre fin à sa pureté d’âme. Elle en rirait presque la fauve, si il n’avait pas plus d’assurance qu’elle pour ce qui était du meurtre assoiffé. Elle empoigne l’arme blanche bien émoussée, le maigre poignard qui lui serre de défense, elle serre les dents la belle enragée, prête à mordre, prête à écorcher la belle joue de ce garçon si audacieux.
Elle est passée où ta peine Ripley ? Elle est planquée où ta pitié ?
Est-ce qu’il l’a brûlée, dévastée, enterrée ? Est-ce qu’il l’a si bien défigurée qu’elle n’a plus rien de vrai ? A force de les poudrer, de les farder de paillettes blanches ces enfants innocents, à force de tirer la corde à laquelle il te pend, pendant que tu hurles, que tu enrages, que tu réclames le fruit de ton amour détruit.
Est-ce qu’il a détruit ce qu’il restait de toi Ripley ?
Prise au dépourvu, il attaque le premier. Le bienveillant gamin semble avoir changé d’attitude, et c’est contre elle qu’il se retourne le premier. La lame frôlant sa joue sans l’érafler alors que le poing de la gamine écoule son poignard le long de l’épaule du brun. Elle y laisse une belle entaille, souvenir pixélisé qui ne sera plus qu’une souvenir tiraillant au réveil. « C’est tout c’que t’as ? » raille-t-elle en souriant comme on provoque les gosses défaillants. « Pour quelqu’un qui veut m’tuer, je suis sûre que tu peux faire mieux que ça non ? Moi qui espérait être la première. » Elle aime titiller, percer le point de non retour, déclencher chez l’ennemi la même perversité qui anime ses gestes.
Viens me tuer gamin, susurre son sourire. Viens me tuer, tu verras comme tu prendras ton pied.
Et c'est là que le coup lui entaille les veines, irritant son visage sous la douleur alors que de sa blessure s'écoule le sang vermeil. L'Icare de la provocation vient de se brûler les ailes.

40 places vie 35/40

50 places vie 8/10

La douleur est légère, et je suis persuadé que je peux survivre et encore attaquer. La preuve en est par ce que je lui ai mis, déjà. L’épaule, bien sûr, mais c’est une broutille, un tout petit truc sur lequel il n’est pas vraiment nécessaire de s’arrêter. Du moins, je me permets de le croire, simplement. Et je trouve ça beaucoup plus facile comme ça, aussi simplement que ça. Mais je l’entaille à mon tour. Un échange de blessures, le sang s’écoule de nous deux. Mais ce n’est pas fini, c’est loin de l’être. La mort dans l’âme, si je veux survivre, j’aurais davantage de sang sur les mains. Un instant, je me demande si c’est tout ce que j’ai, comme elle dit, si je ne suis pas capable de faire mieux. Et en même temps, je me permets, le temps d’une seconde, de me demander s’il ne serait pas judicieux, justement, d’arrêter là et de partir. J’ai toute mes vies, pourquoi en bousiller une juste par soucis d’égo ? Ce n’est pas de ça qu’il est question, finalement ? J’ai bien du mal à comprendre tout ça, mais je refuse de me prendre la tête avec ça. C’est une grosse prise de tête, en tout cas, et c’est la seule chose à laquelle elle est capable de véritablement faire face. C’est déplaisant à souhait.

Mais je l’entaille, une nouvelle fois, blessant au passage sa stupide fierté, parce que je suis persuadé qu’il est aussi question de ça. La grande qui se permet de croire qu’elle vaut mieux que les autres, elle prend un coup, et il n’est pas que physique. Elle l’assume difficilement et elle est tâchée d’en assumer les conséquences. Il faut qu’elle arrête, de me considérer comme n’importe quoi, d’agir comme si elle était en droit de m’en mettre plein la gueule. Parce que dans le fond, c’est l’impression immédiate que je possède et ça n’a rien d’évident. « Tu t’imagines supérieure à moi parce que tu prends un étrange plaisir à tuer les gens ? ». Nous sommes à des années lumières l’un de l’autre, c’est une évidence. Et pourtant, il n’y a pas grand-chose à faire à ce sujet. Je n’ai, d’ailleurs, même pas envie de chercher, en réalité. Cette vie est bien assez compliquée, bien assez étouffante. Je viens dans ce jeu pour montrer ce dont je suis capable et j’aimerais qu’elle comprenne, cette imbécile, que si j’ai envie de tuer quelqu’un, qu’il s’agisse d’une innocente ou d’une habituée du meurtre, ça ne changera rien. Elle finira par comprendre. Une fois que je l’aurais réellement butée. « Tu vas déguster ». Alors que je l’assomme d’un puissant coup de poing dans le nez. Ce n’est pas ça qui va la tuer. Mais putain, ça fait du bien et ajouter au reste, ça va la sonner.

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Elle s'était délecté de faire frémir le môme, vampire carnassier faisant de sa force vitale la peur des autres. Mais elle avait tout de la peureuse, de l'enfant miséricordieuse qui palpe dans le miroir crasseux de sa salle de bain, les derniers chiffres qui se consume de cendres sur son omoplate.
4.
Tracée à l'encre noire indélébile. Une encre qui ne s'écoulerait que pour laisser la place au cruel chiffre du dessous.
Elle aurait certainement du se la fermer la fauve à la grande gueule ouverte, elle aurait certainement du ne pas venir tromper la mort, défier de sa maigre hauteur, de sa force fébrile, ceux qui en possède plus qu'elle. Mais elle ne discerne plus, ce qui est danger, ce qui est péché. Elle absorbe tout ce qui peut galvaniser ce cœur atrophié, tout ce qui peut l'éloigner de ses pensées déstructurées.
Elle provoque pour effrayer les autres.
Elle provoque pour éloigner la peur qui s'infiltre en elle, qui la pétrifie, la glace et la terrifie.
« Tu t’imagines supérieure à moi parce que tu prends un étrange plaisir à tuer les gens ? » Elle secoue la tête, serrant les dents, sa main valide essayant d'arrêter le sang qui s'échappe de sa blessure. « Qui a parlé de plaisir ? » grogne-t-elle, le toisant de ses yeux verts. Elle voudrait répliquer, le faire taire pour tout ce qu'il ne comprend pas, tout ce qu'il ne peut pas comprendre. Ecoute mon beau, réclame ses yeux, on va éviter de philosopher, de s’épancher sur notre réalité. Elle ne doute pas que les malheurs étouffe le reste de l'humanité autant qu'il la prive de souffle. Elle ne doute pas que le type qui lui fait face n'a rien de sain pour s'être laissé embrigader dans une virtualité aussi tordue, mais l'instant est à la rage et déjà elle manque de mots. « Tu vas déguster » finit-il par achever, l'éraflant violemment une nouvelle fois sans qu'elle puisse éviter. La projetant contre la paroi de ronces, laissant le mur hérissé lui arracher un autre grimace douloureuse.
Ses joues écarlates sont strillées de pourpre, des baisers venimeux des épines sombres. Elle a toujours son sourire, même atrophié, même égratigné. Le sang tambourine au creux de ses veines, réveillant l'adrénaline des combats épiques.  
Maintenant qu'elle l'a réveillé, le môme est prêt, bouillant d'animosité, prêt à frapper et enfin peut-être, prêt à tuer.

40 places vie 32/40

50 places vie 3/10

Réveillé, irrité. J’en ai assez d’être si peu pris au sérieux. Qui parle de plaisir ? Elle l’affiche sur ses traits. Ou peut-être que je me trompe. Ce que je trouverais plutôt sympa, du fait que j’ai un peu de mal avec les gens qui voient la mort comme une réussite. J’ai bien du mal, avec ça, je ne parviens jamais à croire que ce soit si simple. Que tuer quelqu’un puisse être si facile. Dans ce cas, pourquoi se limiter à ne le faire que dans le jeu ? Pourquoi s’en empêcher dans la vie de tous les jours ? Qu’est-ce qui change vraiment ? Je ne vais pas cacher que ça me perturbe un peu, alors que ça ne me concerne qu’à demi-mot. Je n’ai jamais tué, mais il est vrai que j’envisage de m’y mettre pour ne plus être pris à la légère. Je ne suis pas toujours facile à vivre, de ce que j’ai cru comprendre, mais en quoi, dans ce cas, est-ce que c’est supposé être mon problème ? Tout ceci ne me concerne pas, c’est tout. C’est un besoin de fierté, sans doute n’est-ce pas la bonne raison. Elle m’énerve, en tout cas, à montrer le pire de moi. Parce que c’est aussi de ça dont je suis consciente, de ça qu’il faut que je m’éloigne un peu, aussi. Je ne le sens pas trop, disons. J’ai l’impression qu’elle est bien plus expérimentée que moi. Qu’elle me nargue. Je ne saurais pas dire d’où ça vient, mais j’ai également l’étrange sensation qu’elle s’amuse à jouer avec moi. Qu’elle me laisse la toucher pour lui faire mal. Je suis perdue, en tout cas. Et en même temps, je ne suis pas certain d’avoir véritablement envie de savoir ce qui se passe. C’est bien assez étrange comme ça, pour que je n’ai pas à continuer sur cette voie si étrange. Tout ce que je sais, c’est que dans la situation actuelle, mes chances de gagner me paraissent limiter. Mais je ne veux pas me faire avoir, pas pour aussi peu de choses. « Je ne me laisserais pas faire ». Mais bien sûr, il est bien facile de parler à voix haute et de tomber de haut. Alors que je m’avance vers elle et que je tente de la blesser c’est sur mon bras que sa lame se plante. Trop profondément pour être ignorée. Trop loin pour que je n’esquisse pas une grimace. La douleur est insupportable. Et j’en viens à me demander si j’ai réellement une chance de lui faire face et de la tuer. Mais si je me prends déjà à déprimer, comment serais-je capable de survivre ?

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Elle aurait pu se laisser bercer par le mur envenimé, se laisser couler dans cette marée d'épines, se laisser sombrer dans cette risible vanité. Putréfiante CAHO, elle a l'oeil divin d'une team qui menace, cette instance qui lui intime de s'enfermer dans les carcans d'une façon de jouer. Ne pas se laisser intimider par plus balaise qu'elle, ne pas se laisser piétiner par plus imposant qu'elle. Elle était frêle à son arrivée, insolente mais faible, charmante mais désarmée. Tous les atouts qu'elle possède elle les a gagné, puis perdus, parfois retrouvés. Toutes les vies qu'elle a laissé s'égrainer, elle les compte comme arraché, abusivement elles sont tombées, délibérément elles ont chuté.
Et quand elle se regarde dans un miroir, elle se demande sur quel champ de bataille le décompte a commencé.
CAHO factice, pour elle c'est un déplaisir de tuer. Elle que la mort effraie. Tireuse d'élite dont les balles se perdaient au gré des corps mais jamais dans le corps, elle a jeté cette arme pour s'en approprier une autre, une autre qu'elle n'a toujours pas trouvé. Il n'y a que ce maigre poignard qui lui ceinture le ventre, cette ridicule lame pour liquider sans achever. Elle avouera bien que la couleur pourpre du meurtre ne lui est pas inconnue, mais de là à se complaire dans ce genre de geste. Elle réside encore loin de ce genre d'individu.
« Je ne me laisserais pas faire » tonne encore le garçon qui menace de l'empaler de nouveau. Moi non plus répond son geste inattendu. Se projetant hors du buisson épineux, elle plante le poignard dans le bras du môme, espérant lui faire lâcher son arme monstrueuse, tentant un second coup dans la cuisse qu'il esquive habilement, elle enrage encore, se débattant pour tenter d'achever cet ennemi résistant. « Tu te débrouilles bien pour un débutant. » pique-t-elle à nouveau.
Elle n'a pas de bon fond Ripley, mais ce n'est pas une tueuse. C'est un concours de circonstance, une peine affreuse, un manque douloureux, un besoin destructeur de revenir toujours dans cet univers décalé qui l'a rendu si déplaisante, si malfaisante.
Et plus encore, c'est la chute vitale sur son omoplate, qui consume à petit feu, l'humanité qui subsistait dans ce corps poupin. Bientôt, il ne restera plus rien.

40 places vie 32/40

50 places vie 0/10

Un dernier coup. Me dis-je alors que je suis déjà si faible. Est-il donc si facile de mourir ? D’ôter la vie à quelqu’un ? J’ai beau lui dire que je ne vais pas me laisser faire, j’ai la sensation que tout m’échappe, et que je perds le contrôle de mon propre corps. Il y a cette odeur aussi, destructrice, épouvantable. J’en ai dans la bouche aussi, goût de métal abjecte. Je ne prétends pas que je ne veux pas mourir, j’ai encore toutes mes vies ou du moins, j’ai appris à récupérer celle que je perdais. Mais là, pour le coup, je ne suis pas à l’aise avec l’hypothèse d’avoir déjà tant perdu. Je suis fatigué mais je ne veux pas lui laisser la chance de me tuer sans lutter. J’ai envie de croire que j’ai encore toutes mes chances mais j’ai la sensation que c’était perdu d’avance. Je soupire alors, blasé à l’idée de mourir aussi facilement. Je n’ai pris que quelques coups mais faut dire qu’elle sait bien viser. Débutant. Le mot retentit mal à mon oreille, il me rebute, mais je ne peux pas lutter contre lui parce que je sais qu’elle a raison, parce que je suis nouveau, je ne vais pas prétendre le contraire. Ou plutôt, non. Je ne suis pas un débutant dans le jeu, je suis dans le coin depuis déjà un bon moment. Mais je comprends que cela n’ait rien d’évident aux yeux des autres. Je ne vais certainement pas agir comme quelqu’un comme elle. Je suis là depuis un moment, mais je n’ai jamais tué personne. C’est cette partie là, en particulier, qui secoue tout le monde, qui les empêche de penser ou même de réfléchir. Et je les comprends. Pour autant, je ne vais pas d’un seul coup me mettre à tuer tout le monde juste pour afficher le fait que je les comprends. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, je ne pense pas. Mais le coup fatal m’est porté. Salement, injustement. Mais je savais que ça allait finir par arriver. Je suis dans un match à mort, la finalité n’est pas évitable. Et je ne suis pas là pour jouer aux billes. Un match à mort. Il n’y a qu’un seule solution pour y échapper. C’est la survie. Mais je n’ai pas été capable de cela. Parce qu’alors que je pensais lui porter un coup fatal, c’est sa lame qui, en premier, s’est écrasée sur moi, me faisant tomber. GAME OVER.