Il a grandi dans une petite ville de l’Oklahoma un peu coupée du reste du monde, bordée de champs à perte de vue ; une ville discrète et paisible aux frontières de l'autarcie, seule vie dans un désert de cultures. (▽) Il est le deuxième enfant d'une mère professeur de piano et d'un père écrivain. Il a également une petite sœur dont il n'était pas spécialement proche enfant - il l'a aujourd'hui plus ou moins perdue de vue. (▽) La décision de s'installer en pleine campagne revient à son père, préférant à tout le calme rural pour écrire (justifiée par une bêtise sur la pureté de l'air et de ses effets sur le cerveau). Cette décision aurait toutefois paru raisonnable si son père ne s'était pas avéré être un écrivain raté qui eut le malheur de publier dans sa jeunesse un polar à succès. Hélas, c'est tout ce que l'homme n'aura jamais vendu (bien qu'il soit encore empli du fol espoir de révolutionner la littérature). (▽) Edgar a toujours détesté l'isolement dans lequel il habitait, loin de la vie et loin des images que lui promettait son poste de télévision. Très longtemps, il a eu pour seule ambition de quitter cette pauvre bourgade perdue et la maison rustique - les feux de New York ne semblaient-ils pas infiniment plus attrayants ? (▽) Le déroulement de sa vie lui semble et lui a toujours semblé une évidence ; tout est simple, si simple, d'une facilité déconcertante. Il ne se pose que peu de questions quant à la vie, n'a aucunement peur de l'avenir ou des jugements - il sait où il veut aller depuis son enfance, et il y a va simplement - pourquoi tout vouloir chercher à compliquer ? (▽) C'est sa mère qui lui a appris les rudiments de la musique. En soi, si la musique s'est imposée à lui naturellement, il n'en restait pas moins au désespoir de ses parents un jeune élève bien piètre et peu prometteur à des lustres d'être à la hauteur d'une maîtresse si exigeante. (▽) Edgar ne s'est pourtant jamais arrêté, tant son avenir lui paraissait évident ; ne pas être né prodige était une chose, ne pas travailler pour le devenir en aurait été une autre. (▽) Il est parti de chez lui juste après la fin du lycée pour New-York où, ses efforts payants, il fut accepté dans une école prestigieuse destinée à faire de lui un musicien accompli. (▽) Avant de s'orienter vers la direction d'orchestre, il chantait à l'opéra - et il s'avérait être un bon ténor ayant connu ses quelques heures de gloire dans un Rigoletto, La Bohème ou Carmen. (▽) Il est venu à Chicago non pas pour l'amour de la ville mais par pur opportunisme lorsqu'une place de chef d'orchestre s'est libérée. (▽) Il a deux enfants en bas-âge, une fille et un garçon. Quant à son couple, il bat étrangement de l'aile depuis quelques temps. (▽) Il est d'un naturel très sérieux et discret. Il met généralement tout en oeuvre pour éviter les conflits - et s'ils se présentent, il se montre parfaitement conciliant. D'aucun diraient qu'il est impossible de se mettre Edgar à dos ; la vérité est qu'il est bien trop poli pour manifester un quelconque signe d'apathie. Pourtant, il n'a que très peu d'amis. Pour cause ; Edgar se montre véritablement exigeant et s'efforce de frôler l'excellence dans n'importe quel domaine de sa vie, y compris dans le domaine affectif. (▽) De fait, il vit dans l'insatisfaction perpétuelle - sa musique pourrait être mieux que ce qu'elle est, tout comme ses enfants, sa femme et même sa maison et son chien. (▽) Il est plus ou moins connu des amateurs d'opéra et de musique savante. Ce statut lui confère une pression incommensurable sur les épaules qu'il a bien du mal à évacuer. (▽) Il est superstitieux et se formalise de tout un tas d'événements dont n'importe qui ne verrait que de pâles coïncidences, voire n'y verrait rien du tout. (▽) Il est un homme lettré qui a autant goût aux arts qu'aux sciences - bien qu'il déplore ne pas s'y connaître véritablement et de n'avoir pour toute culture scientifique que quelques anecdotes à raconter. (▽) Il a effroyablement peur de finir bercé d'illusions comme son père. A contrario, il a plus tendance à admirer sa mère qu'il estime méritante et travailleuse. (▽) Il a toujours de la musique en tête, toujours ; le priver de musique serait lui couper les ailes. Il tire d'ailleurs une grande fierté de son oreille, qui, travaillée à l'excès en conséquence de son métier, lui permettrait d'entendre n'importe quoi même s'il en venait à devenir sourd. (▽) Edgar aime énormément la poésie - tout du moins il fait montre d'un esprit éminemment poétique - aussi n'est-il par rare que certaines de ses réflexions puissent prêter à rire quand on ne connaît pas le personnage. (▽) Il essaye de faire de sa vie un cheminement de vertus et s'efforce et s'épuise de principes moraux suivis à la lettre. Il a toutefois peur que sa quête de vérité l'en éloigne (à force de se focaliser sur un problème, ne finit-on pas par ne plus en sortir ?).