Aúra ₪ Nightingale

no mercy. no prisonner. to the death.

GleekOut!

C’était devenu un rituel entre Nightingale et Aúra. Il avait trouvé racine lors des premières heures de jeu : lorsqu’elles posèrent toutes les deux, leurs iris sur une pièce d’équipement. Il n’avait pas fallu longtemps, et ce bien avant qu’elles aient une équipe, pour qu’un combat éclate entre ces deux lionnes. L’une blonde, l’autre brune. La combinaison ne pouvait être que fatal. Peut-être qu’à Chicago, elles auraient pu être les meilleures amies du monde. Le destin avait décidé de les faire rencontre ingame et dans Darwin rare étaient les liens de la sorte. Au lieu de cela, elles étaient meilleures ennemies. Si l’autre venait à disparaitre définitivement alors le monde tournerait moins ronds. Assez fréquemment, pour ne pas dire deux à trois fois par mois : nos deux guerrières se retrouvaient pour un combat à mort. Si leur premier duel avait fini par un ex-aequo : ceux qui ont suivis avaient toujours eut un seul vainqueur. Leur règle : pas d’armes à feu. Juste des armes blanches. Nightingale avec des deux dagues et Aúra avait son katana. Des armes faites pour blesser, pour faire souffrir avant de donner le coup de grâce. Des lames de rasoir en guise de meilleurs alliés.
Nightingale l’attendait. Percher en haut dans un arbre juste à la frontière entre les ruines et la forêt. Elles se donnaient toujours rendez-vous ici. C’était là qu’elles s’étaient battues pour la première fois. Peu de personnes semblaient avoir connaissance de ces lieux : jamais elles n’ont été dérangées. La Gaïa était prête à perdre une vie, mais elle ne la perdrait pas sans blesser grièvement Aúra. On ne tuait pas une tigresse facilement. Sa seule peur : avoir une crise de panique durant le combat. Les chances étaient moindres, cependant, puisqu’elles se battaient avec des armes blanches et non des armes à feu. Dès lors, il n’y avait que très peu de possibilités pour faire un bond en arrière quand elle était un soldat pour sa patrie, de la chair à canon pour les intimes qu’on aurait bien laissé moisir et mourir dans d’atroces souffrances sans l’intervention de personnes comme son meilleur ami et maître d’armes.
Lorsqu’elle vit la chevelure de son ennemie, elle sauta de son perchoir pour s’approcher d’elle. La tête haute, le pas décidé : elle ne portait sur elle qu’une tenue simple. Hors de question de perdre l’armure que son mentor lui avait donnée dans son dernier souffle. Son arc était également resté au QG, en sécurité. Maintenant face à l’autre, Nightingale la toisait du regard tout en posant ses mains sur le pommeau de ses armes coincées sur ses cuisses. Elle les sortit de leurs fourreaux et fit siffler le tranchant de leurs lames dans l’air. Sans exprimer un seul mot, elle se mit en position, attendit que son adversaire soit prête avant de courir vers elle pour engager le combat. Que le meilleur gagne.

Aúra ₪ Nightingale

no mercy. no prisonner. to the death.

GleekOut!

Jamais cette poupée aux os de verres n'aurait un jour émis la possibilité qu'elle puisse se trouver en ce lieu, le visage marqué par la vengeance, spirale de toute beauté aux intentions dévastatrices. Comme convaincue de sa puissance et de ses chances d'achever son ennemi de taille, le visage de la guerrière arborait un certain calme olympien, domptant cette peur qui autrefois la tétanisait sans qu'elle ne puisse plus ressentir un seul frisson. A présent, elle n'était plus la même. Une confiance inébranlable se glissait entre ses entrailles, poison savoureux renforçant sans nul doute ses capacités. Elle en était persuadé, cette fois-ci elle triompherait de l'échec, ou de la mort. Pourtant, au loin, elle entrevit les crocs acérés de la faucheuse, éclatant d'une lumière délicieuse sous le soleil de ce monde fictif. Elle ne m'attend pas, moi, mais elle. se murmura silencieusement Alaska, toujours coincée dans un recoin de son esprit, à rassurer la meurtrière, qui, au sein de cet univers, se prénommait Aúra. Comme un nom offert à la partie sombre de son âme. Certes, la délicatesse qui s'en dégageait n'était que fausseté. Titane de ce même nom, dans la mythologie grecque, elle qui autrefois symbolisait la brise du matin, se transforma en une bête assoiffée de sang. Incarnant idéalement la nouvelle personnalité de la jeune femme, ou du moins, temporellement. Si la mort venait à se glisser en son cœur détruit et envenimé par des désirs meurtriers, il en serait fini d'elle. Sa fragilité, bien plus authentique que le pourrait être dix morts au sein de ce jeu, reviendrait à l'assaut, l'empêchant une nouvelle fois de vivre. Ce combat décisif et mortel constituait comme une promesse, la promesse d'un avenir plus fort encore, puissant et dénué de toute souffrance. Vaincre sa meilleure ennemie révélait d'un intense accomplissement, qu'Aúra était prête à accomplir.
Elle n'avait plus le choix.
Elle se devait de défier une nouvelle fois cette faucheuse gracieuse, s’immisçant entre ses proies et les poignardant en un sourire irrémédiablement chaotique. Plus celle-ci s'emparait de vos vies, et plus le néant se refermait sur votre existence. Il en fut toujours ainsi au cœur du Darwin's Game. Dix vies de chat scindés en une âme ne pouvant supporter tant de pertes. Comme perdre une partie de soi-même, les méandres de son soi.
Nightingale lui fait face, semblant tout aussi déterminée qu'elle ne l'est. Aucun effroi ne vient transparaître dans le regard des deux adversaires, se défiant d'un regard entendu. La tension éclate en des milliers d'étoiles autour d'elle, tandis que la Mort se délecte de son futur repas. Elle est prête, autant qu'elles le sont. Elles n'ont pas peur du néant.
Pourquoi réfuter la vérité évidente que tôt ou tard, le chaos se répandra sur leur existence, que ce combat ait lieu ou non ?
La princesse du sabre savoure l'idée qu'elle peut enfin se battre pour se défendre, sans nécessiter d'une protection constante. A présent, elle recouvre son indépendance.
Tuer ou être tué.
Brandissant son katana fouettant les airs en un cri aiguë semblant se répercuter au loin, Aúra s'élance  vers sa victime, déterminée à triompher. Ses cheveux blonds volant légèrement au-dessus de sa silhouette, sa tenue de combat furtive lui permettra de se déplacer avec plus de facilités. Arme blanche contre arme blanche. Seule la meilleure des lames sonnera le hurlement de la victoire. Son katana s'abat subitement sur sa proie, sans une hésitation. Aúra est prête à esquiver tous les retours, prête à vaincre toute offensive, prête à poignarder cette ennemie faite de chair et de sang des centaines de fois s'il le faut.
Au loin, le chant d'un oiseau solitaire retentit dans le néant de leur passion enragé. Tel une lueur d'espoir étincelant dans les abysses haineuses de cet univers sans loi ni pitié.

Aúra ₪ Nightingale

no mercy. no prisonner. to the death.

GleekOut!

Il serait mentir de dire que tout son esprit lui ordonnait de faire demi-tour. Un sentiment bien singulier tenait Nightingale en joue. Peur, excitation, désir sanglant de montrer quelle équipe était la plus forte. Oh oui, elle aimait cette adrénaline qui prenait possession de chaque cellule de son corps pour ne plus la quitter. Cette même poussée d’énergie savait donner des ailes et relancer son système en cas de défaillance. Elle l’avait testé à plusieurs reprises et son efficacité n’a jamais été remise en question par la demoiselle. Astrid devait certainement être à remercier dans cette histoire ainsi que Robin. Celui qui lui a tout appris. Cependant, elle était maintenant seule face à son destin, face au combat sans pitié, sans merci qu’il l’attendait dans les minutes à venir. Son adversaire n’était pas encore en vue, mais il ne fallait pas être devin pour savoir l’état d’esprit dans lequel serait Aúra.
Aúra et Nightingale défiaient la mort à chaque fois qu’elle faisait un combat pour atteindre cette dernière. La faucheuse avait raté sa chance avec Astrid, mais au moins dans le jeu : elle pouvait se complaire à enlever son âme de son corps comme bon lui semblait. Après tout, elle avait 10 vies. 10 chances, pour ne pas dire plaisir. La nature même du jeu évoluait autour de cette fin inexorable que tout le monde devait un jour embrasser. De gré, ou de force. C’est bien volontairement que nos guerrières allaient aujourd’hui décider qui la rejoindraient prématurément. Se lançant à l’assaut de son ennemie, la Gaïa n’eut aucun mal à comprendre la lueur qui brillait dans les yeux d’Aúra. Elles avaient dû attendre des jours pour se rencontrer une nouvelle fois ! L’excitation avait maintenant pris place à la peur qui tiraillait les entrailles de Nightingale quelques minutes plus tôt. Retenant son souffle avant l’impact, ses bras se croisèrent pour arrêter la lame de son terrible adversaire qui ne manqua pas d’effleurer son front laissant dans son passage une coupure peu profonde, mais suffisamment pour que Nightingale sente tout de suite un filet de sang couler de cette dernière. Souriant, elle pensa *Il s’en est fallu de peu.*
Poussant la lame de la belle plus loin, elle visait déjà ses jambes en tentant de les couper de façon nette et précise : faisant des roulades autour d’elle pour éviter ses coups. Se redressant, elle tentait de voir si elle avait touché sa cible. En position de défense, elle était prête à esquiver ou bien à contre-attaquer au besoin. D’un geste bref, elle essuya le sang de son front et afficha un sourire presque fou :

« On n'a pas perdu la main à ce que je vois ! »

Aúra ₪ Nightingale

no mercy. no prisonner. to the death.

GleekOut!

Personne ne savait comment, ni dans quels circonstances, l'espèce humaine en été venu à se battre, jusqu'à ce que la mort trépasse leur ennemi premier. Personne ne savait même pourquoi, d'eux-mêmes, ils en étaient à venu à détester les leurs, pour une motivation ou une autre. Depuis la nuit des temps, l'Homme ne cessa de se battre, non pas pour survivre, mais afin d'imposer son existence, de ressentir plus que la vie ne pouvait offrir. Vient le jour où la mort vous appelle en un susurrement palpable, malicieux et infini, ne cessant de vous promettre plus, toujours plus. En cet instant, Aura perpétue l'héritage de la haine que partagent tous les humains. Tous, les uns comme les autres, ressentent un jour ce désir ardent de tuer et d'entrevoir le sang, tout comme elle le perçoit couler langoureusement de la plaie de sa victime. Son regard se fige sur cette blessure éphémère, mais pourtant bien réelle. Une demi-seconde de contemplation, qui lui coûta une blessure à l'une de ses jambes. La souffrance irradia en son être détruit par cette nécessité de vaincre, coûte que coûte. Boitant légèrement, elle ne laisse pourtant rien paraître, la princesse à la lame de glace. L'exposition de la douleur constitue la perte d'un combat. Dès que l'ennemi montre le moindre signe de faiblesse, il en est fini de lui. Et dans ce cas spécifique, d'elle. Percevant la voix de son ennemi tel le sifflement d'un serpent, Aura se contente de répondre en une voix se voulant insensible, étouffé par le mystère qu'elle se plait à laisser planer sur elle: " Il vaut mieux éviter de perdre la main lorsque je me confronte à ta hargne. Tu n'es pas décidé à mourir. " Son ennemie reconnaîtra probablement le sifflement de sa voix, laissant transparaître une certaine admiration pour cette adversaire de taille. Qu'Aura meurt ou non, elle sera heureuse d'avoir à nouveau combattu les flammes d'un nouvel enfer. Tout retour de l'au-delà lui apporte un certain enrichissement quant à ses erreurs, parfois futiles, parfois complexes. Toute mort possède une certaine beauté. Si la passion de son ennemie venait à la transpercer, Aura s'engageait à honorer sa fin en l'imprégnant d'une élégance rare. En un ultime hurlement, les deux combattantes entrechoquèrent leur puissance, en deux prières muettes se confondant en une seule.

Aúra ₪ Nightingale

no mercy. no prisonner. to the death.

GleekOut!

La nature faisait ce qu’on appelait plus communément une sélection naturelle. La lutte entre deux puissances, deux êtres vivants qui se disputent le pouvoir. Dans Darwin, cela portait le nom de Death Match, des combats à morts comme les faisaient les grands gladiateurs dans le monde antique pour remplir le ventre toujours affamé de la populace. Panem and Circem. Du pain et des jeux. Les petits plaisirs du peuple aux prix de la vie de combattants. Ce n’était cependant pas dans une arène de sable que Nightingale avait retrouvé Aùra, mais dans les ruines d’une ville. Le bitume n’absorberait pas le sang, le liquide vermeil coulerait le long des fissures pour pénétrer l’intérieur même de la map. Un sacrifice, le prix à payer pour pouvoir continuer à jouer. Une offrande aux Dieux de Darwin, à ses créateurs qui devaient savourer l’instant fatidique où l’homme se plonge dans sa nature primaire : loup désireux d’imposer sa force et ce par tous les moyens.
Rugissant, ses dagues collées à ses mains : elle était prête à trancher la peau de son adversaire. Oui, la Gaïa était animée par une peur sourde qui mettait à l’affût le moindre de ses sens. Non, ce n’était pas la peur de mourir, c’était la peur de perdre : de ne pas faire honneur à son équipe que l’on jugeait faible, qu’on appelait parfois hippie. Nightingale voulait montrer à Darwin que les verts étaient autant à craindre que les autres. Le meilleur moyen pour cela était de s’imposer par l’intelligence et gagner les combats à mort. L’autre raison qui la poussait à ne pas succomber à la peur était l’admiration qu’elle portait à Aùra. Elle respectait cet ennemi autant que sa meilleure amie et mourir de sa main serait en quelque sorte un privilège. Il n’y avait pas de honte à perdre contre un guerrier de sa trempe.
Agile sur ses jambes, elle ne cessait de se mouvoir ce malgré la sensation désagréable que laissait le filet de sang durant sa descente le long de son nez. L’essuyer n’avait rien fait. Nightingale, cependant voulait, voir la vision claire, le visage dégagé lorsqu’elle pourrait enfin savourer le bonheur d’une victoire méritée.

« Tout comme tu n’es pas prête à me laisser la victoire facile. »

Nightingale posait son regard sur les blessures qu’elle venait de causer à Aùra. Elle se remit en garde et lorsqu’elle vit son ennemi chargé : ses jambes firent de même. De sa main gauche, elle déviait la lame de son adversaire pour la diriger vers le sol tandis que sa main droite enfonçait dans son foie la dague. Dans le mouvement, son katana lui coupa sévèrement la jambe causant une légère plainte de sa part. 30 secondes. Aùra mettrait 30 secondes à mourir et Nigtingale était bien décidée à rester à ses côtés. Allongeant la guerrière comme un enfant malade, elle embrassa son front :

« Merci de ce combat Aùra. À la prochaine… »

Par respect pour son adversaire, parce qu’Astrid avait toujours refusé à son personnage de sombrer dans une sauvagerie propre à l’humain. Elle ne s’acharnerait pas sur Aùra. Elle traitait toujours ses ennemis comme elle aimerait être traité dans le cas contraire. Et puis, le combat était loyal. L'une d'entre elles devaient mourir. Telle était la loi de Darwin. Tournant le dos à son adversaire qui gisait au sol, elle s’enfonçait en boitant dans la forêt pour retourner au QG.

Aúra ₪ Nightingale

no mercy. no prisonner. to the death.

GleekOut!

La mort n'eut jamais rien de rassurant. Glaciale et fourbe, elle se glisse entre vos entrailles, vous privant de tout espoir de rédemption. Une fois mort, personne ne peut sauver votre âme. Une fois mort, seul le néant accompagne notre étoile. Plus d'une fois, Aura, la guerrière se prétendant insensible l'expérimenta. Plus d'une fois, elle ressentit cette vague émotion d'entrevoir ce monde, qu'il soit réel ou fictif, pour la dernière fois. Entre les abîmes de son âme, elle pense alors aux consonances des couleurs, aux mélodies embrasés des oiseaux, à la senteur des fleurs de prés, et à tous ces paysages qui accompagnèrent ses rêves. A chaque fin, Aura redevient Alaska. Aura retrouve cette notion d'empathie qu'elle pensait avoir oublié. En cet instant, alors que la lame transperce son être, elle ne ressent plus qu'un intense vide, impossible à combler. Elle ressent la souffrance égorgeant la moindre de ses pensées, son sang bouillonnant s'extirpant de sa plaie. Elle ressent tout. Devenant à nouveau une poupée de cire à l'aspect aussi fragile que les ailes d'un papillon, Alaska contemple le ciel, ressentant alors sa vie s'évader de son être. Elle l'a déjà vécu pourtant tant de fois, mais pourtant, elle a si peur. Peur de la fin, peur de ce chaos qu'elle va devoir affronter, une nouvelle fois. Comme une frontière entre son existence et cette mort fictive. Une frontière de peine et de larmes.
Elle ne veut pas y retourner. Elle ne veut plus. Mais, d'ici à quelques secondes, elle devra à nouveau lui faire face, traverser ce pont de tous les dangers et revenir à la vie. Alaska se laisse alors porter par sa meilleure ennemie, à l'âme assez pure pour honorer sa fin. Elle se sent alors comme une enfant, elle se sent alors comme avant. En un regard entendu, ces deux âmes destinés à perpétuer l'engrenage infernal du combat se quittent, pour mieux se retrouver une nouvelle fois, au cœur d'un autre au-delà...