La Cabane était calme – sûrement à cause des fêtes de fin d’année qui parvenaient encore à accaparer l’attention des gens – et Mera avait pris la liberté de quitter le QG malgré l’absence de Charles pour la remplacer afin de souffler. Depuis l’attaque de Kobe, elle était confinée sous haute surveillance perpétuelle et rouillait lentement mais sûrement dans son bureau. C’était l’occasion idéale de s’échapper et profiter du DARWIN’S GAME, au moment où elle aurait peut-être dû se pomponner dans sa salle de bain pour célébrer l’arrivée de la nouvelle année ; elle en était convaincue, cette année était la dernière dont on célébrerait la venue. Après ça, le monde aurait d’autres préoccupations. […] Avachie sur une branche, Mera observait les rayons du soleil qui filtraient à travers les feuilles des arbres qui ondulaient sous une légère brise. Ça, c’était ce qui lui manquait vraiment. Profiter de ces petits plaisirs qu’offrait le jeu. Flâner sur les branches d’un arbre au beau milieu d’une forêt superbe, sans aucune responsabilité sur les épaules. Et puis soudain, des bruits de branches qui craquaient au sol attirèrent son attention, et Isaÿr se redressa, tous sens en alerte. Elle était en sécurité ici, invisible aux yeux du monde – en théorie. Une chevelure brune qu’elle connaissait par cœur apparut quelques mètres plus bas et son cœur s’emballa tandis qu’un sourire ravi naissait sur ses lèvres. Mera prit conscience du danger à la dernière minute ; c’était une fourmi, en apparence seulement. La créature silencieuse faisait sûrement deux mètres de haut, si ce n’était plus. Ses mandibules se rapprochaient dangereusement de Roy qui n’avait pas remarqué la présence de l’insecte qui le suivait de près, prêt à le dévorer. La jeune femme s’empara de l’un de ses katanas dans son dos et lança : « Faust, derrière toi ! » Elle se laissa glisser de la branche, lame du katana fermement pointée vers la créature qui se montra plus rapide que Mera. Elle cueillit cette dernière dans sa chute et l’envoya bouler dans la terre et les feuilles humides, quelques mètres plus loin. La demoiselle grogna et tendit la main pour s’emparer de son arme qu’elle avait lâchée sous le coup du choc. Rien de grave en soit, c’était une blessure superficielle : pas de quoi la tuer. Au moins, Roy avait évité une mort désagréable. Elle jeta un coup d’oeil à son compagnon en se redressant péniblement à ses côtés, et esquissa un sourire sincère et amusé. La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés dans une telle situation, ils s’étaient tout bonnement détestés. « Voyons si tu es plus doué avec les fourmis que les panthères, Jaeger. » susurra-t-elle d’un air de défi, langoureuse et mutine. Ils ne pouvaient pas se permettre d’y laisser autant de plumes que la dernière fois. Pas face à un insecte comme ils en écrasaient tous les jours sous leurs chaussures, ou les roues de leur fauteuil. Pas quand ils étaient Isaÿr et Faust. Son attention se reporta sur l’animal immense dont les terribles mandibules claquaient dans l’air, et elle conclut, plus sérieuse : « Finissons-en. »

70 points de vie VIE 68/70

Mera retint un gloussement devant la réaction de Roy. L'homme qu'elle considérait comme le plus courageux du monde craignait un insecte (géant peut-être, mais un insecte tout de même). Cela le rendit tout de suite plus humain, mais pas moins sexy. Elle le regarda s'élancer vers la fourmi et lui couper net une mandibule.  « Bien joué ! » s'extasia-t-elle – quoi qu'un peu écœurée par le liquide verdâtre qui s'écoulait de la plaie. Isaÿr s'élança à son tour, prête à en découdre. Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu. Alors qu'elle arrivait à sa hauteur, s'apprêtant à enfoncer sa lame dans la tête du monstre, l'insecte eut un haut-le-cœur ignoble, et la suite n'en fut que plus dégoûtante encore. Le liquide vert gicla de sa gueule, aspergea Mera qui écarquilla les yeux.  « Putain … Putain ça brûle ! » cria-t-elle en arrachant sa veste qui commençait à désintégrer lentement. Ses joues aussi brûlaient, et Mera tenta de les essuyer avec la veste qu'elle jeta par terre.  « Merde ! » rugit-elle en tapant du pied. Heureusement, sa tête n'était que peu touchée, mais ses bras rougissaient à vue d'oeil, et des trous se formaient dans son débardeur blanc. Cette fois, Isaÿr n'avait plus le cœur à rire. C'était douloureux, pas insupportable mais juste assez désagréable pour l'énerver profondément et lui donner envie de réduire l'insecte en miettes. Quand elle s'énervait, Mera devenait dangereuse, et sanguinaire. Talamasca en avait fait les frais en se prenant une quinzaine de coups de couteau ; plus rien ne l'arrêtait dans ces moments-là. Rien, sauf peut-être l'idée d'effrayer ou dégouter Roy. S'il y en avait bien un qu'elle ne voulait pas perdre, c'était lui.  « Parfois, moi aussi je hais la forêt. » Sa voix était rauque et son regard meurtrier. La jeune femme retira son second katana de son dos et menaça la bête de ses deux lames, prête à plonger sur le côté en cas de second geyser de vomi-radioactif venu tout droit de son gosier.  « Si on s'en sort Faust, j'ai envie de prendre un bain chaud, avec toi. Est-ce qu'il y a des baignoires, à Avalon ? » Elle lui lança un regard entendu, avant de reporter son attention sur sa peau brûlée et ses vêtements puants, puis sur l'animal qu'elle espérait bien voir tomber à ses pieds au coup suivant porté par son compagnon.

70 points de vie MEROUILLE 63/70

30 points de vie MOBS 20/30

Mera céda sa lame à Roy en observant l’animal se tortiller de douleur. « Ce ne sera pas la peine, je vais m’occuper d’elle. » lâcha-t-elle en faisant tournoyer ses katanas dans ses mains, prête à en découdre. Impossible qu’elle lui échappe ou qu’elle survive à ce qui l’attendait, largement diminuée par l’attaque précédente de Faust qui aurait raison de sa survie. La brune s’élança vers l’insecte qu’elle contourna plutôt que de l’attaquer de front et l’escalada tant bien que mal pour s’asseoir à califourchon sur la démarcation de son cou et de son abdomen. La créature tenta de la désarçonner, mais Mera se retint à une antenne tant bien que mal pour ne pas tomber. Un cri strident s’échappa de la bête lorsque la jeune femme planta ses deux lames dans la carcasse dure qui lui servait de peau afin d’atteindre le cerveau – si seulement elle en avait un – et lui assurer une mort directe et peu douloureuse. Elle avait envie de la faire souffrir, c’était indéniable, mais elle ne le ferait pas devant Roy. L’animal vacilla et tomba en avant ; Mera eut à peine le temps de sauter de sa monture et de rouler gracieusement sur le sol avant que l’insecte ne s’écrase aux pieds de Roy. Satisfaite, elle se frotta les mains et retourna chercher ses katanas qu’elle arracha du crâne. Souillés par le même liquide vert qui avait brûlé sa peau et ses vêtements, Mera grimaça en se demandant si c’était possible de nettoyer ça ou si les lames étaient foutues. Elle se retourna vers Roy, sourire aux lèvres. « On s’en est plutôt bien sortis, cette fois. » Plutôt bien, parce qu’avant d’être clairement énervée, Mera ne s’était pas montrée des plus efficaces. « Dis, je me demandais … Est-ce que tu fais quelque chose ce soir, pour le nouvel an ? Comme on a fêté noël ensemble je ne veux pas que tu te sentes obligé, tu veux peut-être passer la soirée avec Charles. Je peux toujours passer la soirée avec mon père. » dit-elle, lèvres pincées, en se balançant d’avant en arrière sur place, plus anxieuse de lui demander ça que de se battre à ses côtés contre un monstre qui vomissait de l’acide. Elle gardait un goût amer du nouvel an précédent, lorsque Aria, puis Roy, étaient faits prisonniers par les CAHO. Elle n’avait fêté ni noël, ni le nouvel an. Cette année, l’absence d’Aria se faisait fortement ressentir, mais Mera avait davantage le cœur à faire la fête, ce qu’Aria aurait sûrement voulu. C’était peut-être les dernières fêtes qu’ils faisaient de leur vie. « D’ailleurs, je ne t’ai pas dit, je vais commencer à travailler avec lui. C’est super bien pay... » Un bruit dans son dos attira son attention, et Mera fit volte-face, alerte. Elle se rapprocha de Roy à reculons, jusqu’à le sentir dans son dos. « On devrait bouger, la fourmi a dû appeler ses copines en criant. »

70 points de vie MEROUILLE 63/70

30 points de vie MOBS 0/30

Ces connasses de fourmis géantes commençaient vraiment à gâcher l’ambiance. Non pas que Mera n’aimait pas courir comme une demeurée dans la forêt, couverte d’une substance entre le vomi et le sang verdâtre, puant et brûlant poursuivie par des insectes qu’elle pouvait normalement écraser du pied, mais celles-ci étaient particulièrement nombreuses et tenaces. Elle talonna Roy en doutant un peu de sa capacité à savoir se diriger au cœur de la forêt mais ne se permit si remarque, ni conseil. Il avait l’air particulièrement désireux de vouloir fuir les monstres, et n’avait pas envie de le perturber davantage. Et puis, il s’en sortit plutôt bien finalement. La jeune femme manqua de le percuter quand il s’arrêta devant elle et s’arrêta de justesse. Un sourire amusé naquit sur ses lèvres, avant qu’elle ne jette un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer qu’ils avaient bien semé les fourmis ; et puis il la bouscula, et elle lâcha un grognement de surprise. « T’en fais pas Faust, même plié en deux et sur le point de crever d’un point de côté, tu restes séduisant. » Mera le poussa à son tour, joueuse. L'espace d'un instant elle eut envie de se réfugier dans ses bras, se faire plus joueuse encore. Mais Faust était déjà passé à autre chose, aussi reprit-elle son sérieux et le suivit d’un pas plus lent, largement bienvenu après la course effrénée qu’ils venaient d’effectuer. Elle leva ses yeux clairs vers lui, légèrement surprise. « Mon père … » souffla-t-elle. Comment Rohan réagirait-il à l’idée de se retrouver face à Roy ? Elle acquiesça lentement. « Je vais lui proposer, merci, c’est gentil. » Isaÿr était sincèrement émue, et le serait certainement plus encore si son père acceptait la proposition. Ce serait son premier vrai semblant de famille depuis longtemps. Avoir du choisir entre Rohan et Roy à noël lui avait déjà brisé le cœur ; abandonner son père derrière elle dans cet appartement trop grand avait été un supplice. Elle avança d’un pas plus enjoué, sourire niais mais ravi aux lèvres, sans ajouter un mot. Et puis soudain : « QUOI, CHARLES A UNE COPINE ? » L’exclamation venait de loin. Le temps que l’information monte jusqu’au cerveau. Qu’y avait-il de plus étonnant entre le fait que Roy lui propose d’amener son père et que Charles ait une copine ?  

« Au fait, qu’est-ce que tu faisais en plein milieu de la forêt, loin d’Avalon ? » questionna-t-elle. Mera ne cherchait pas tant à le fliquer qu’à savoir ; après tout, il avait été dévié du chemin sur lequel il s’élançait avec entrain avant que les fourmis ne viennent perturber ses plans. Quant à Isaÿr, il fallait peut-être qu’elle au QG qui était littéralement dans la direction opposée. « Je suis partie depuis longtemps, il va falloir que je retourne à … » Mera fut coupée net dans ses propos. Les monstres s’étaient visiblement montrés bien plus malins qu’eux, parce qu’ils avaient cessé de les poursuivre … Afin de les contourner et mieux leur arriver dessus. La brune s’empara d’un des poignards accrochés à sa ceinture qu’elle envoya de toutes ses forces sur celle qui leur venait droit dessus, alors que son affreuse gueule s’ouvrait entre des mandibules prêtes à couper en deux. La lame s’enfonça dans la gueule de la bête qui poussa des plaintes horribles en se secouant dans tous les sens. Ca n’avait pas suffi à la tuer, mais c’était en bonne voie. « Attention ! » cria-t-elle en se jetant à plat ventre, au moment où l’une de ces ignobles gerbes vertes giclait de la plaie béante de l’animal. Maintenant qu’elle n’avait plus sa veste pour se protéger des brûlures, Mera n’avait que très peu envie d’en recevoir à nouveau. « Ok Faust, achève-moi celle-là, je commence à m’occuper de l’autre ! » lança-t-elle, tout sourire, en se redressant à la hâte pour foncer vers les insectes. Même si c’était dégueulasse et douloureux, Mera était ravie de retrouver un peu d’action. Elle avait l’impression de rouiller dans son bureau, mais c’était ça qu’elle aimait. Vibrer. Et puis, plus elle pouvait préserver son compagnon de ces insecte qu'il avait l'air de haïr particulièrement, mieux ce serait.

70 points de vie MEROUILLE 63/70 (relique du combattant légendaire, 5x5 de dégâts)

30 points de vie FOURMI 1 5/30

30 points de vie FOURMI 2 30/30

Mera poussa une exclamation de ravissement mêlée d’un rire franc quand Roy abattit la première fourmi qui s’écroula au sol, poings levés vers le ciel, mais dut bien vite se retenir au second animal pour ne pas tomber de sa monture. « C’est l’une des plus belles déclarations d’amour que tu m’aies faite. Je t’aime aussi, Roy. » lança-t-elle, hilare mais sincèrement touchée, sa voix faisant des trémolos au fur et à mesure qu’elle était secouée par la fourmi qui commençait à ne plus supporter de l’avoir sur le dos. Mais bien vite les choses reprirent leur sérieux. Son compagnon blessa gravement la seconde et enjoignit Mera à l’achever ; elle se lissa glisser sur le côté et atterrit gracieusement au sol, venue comme une fleur pour terminer le travail. Vigilance mise à mal par une montée d’euphorie soudaine, Isaÿr ne fut absolument pas préparée à l’idée que la bête se dégage brutalement de Faust, la percute et l’envoie balader au sol avec violence. Sa tête heurta quelques pierres dressées dans la terre et la jeune femme lâcha un grognement de douleur. Ce n’était pas une blessure grave, mais suffisante pour la sonner quelques instants. « On … On dégage, Faust. » souffla-t-elle en se redressant. Mera tituba dangereusement jusqu’à la première fourmi morte pour récupérer le poignard qu’elle avait sacrifié pour la tuer et qu’elle comptait bien récupérer – cadeau de Greyback oblige. L’autre monstre était en sale état, et Isaÿr connaissait un chemin par lequel elle n’arriverait pas à les suivre, eut-elle seulement la force de bouger d’ici. Ce fut tout aussi difficilement que Mera attrapa la main de Roy pour l’inciter à la suivre, traînant plus qu’elle ne courrait, pas certaine que son cerveau soit encore dans la bonne position dans sa boîte crânienne. Elle jeta un bref coup d’œil en arrière pour constater que la fourmi n’avait pas suivi la cadence, et Mera ralentit, jusqu’à s’arrêter totalement. Courbée en deux, mains sur les cuisses, elle désigna du menton cette fascinante et indescriptible petite partie d’univers – mis bug, mi-voile translucide qu’était la porte de sortie. A peine visible à l’œil nu, elle était la preuve tangible qu’ils s’en sortiraient en vie cette fois encore. Mera se redressa et vint se presser contre lui, parfaitement épuisée. « Je ne veux pas que le fait que tu sois constamment attaqué quand tu viens me voir te dégoûte de persévérer. J’adore ça. Que tu viennes me voir, pas que tu te fasses attaquer. » Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser tendrement. « On se voit ce soir. » A ces mots, un sourire plus espiègle encore étira ses lèvres, et Mera s’élança pour se jeter à son cou. Ses jambes entourèrent ses hanches et elle lui offrit un baiser plus passionné encore. Elle le fit ainsi basculer en arrière et ils franchirent ainsi la porte de sortie, sur un dernier éclat de rire de Mera.

70 points de vie MEROUILLE 58/70 (relique du combattant légendaire, x5 de dégâts)

30 points de vie FOURMI 2 10/30

Spoiler: