Black Suit  ₪ Nightingale

Il était une fois.

GleekOut!

« Et comme vous pouvez voir les tissus commence à guérir. Nous avons fait des tests et nous avons constaté avec surprises que les nerfs n’étaient pas endommagés… »

Astrid regardait le plafond. Elle était un cobaye. L’armée américaine avait donné à ces médecins quelques-uns de leur mutiler pour tester de nouvelles prothèses. Était-ce parce qu’ils avaient connu la guerre ? La souffrance ? Que dès lors, ils étaient bien plus résistants ? Elle ne savait. Elle savait cependant ce que pouvait ressentir un animal testé. Elle sursautait et avait des hauts de cœurs à chaque fois que le professeur touchait son moignon. Il disait que c’était cicatrisés : qu’en savait-il ?! Ce n’était pas lui qui se réveillait tous les matins avec le désir de mouvoir ce bras qui n’est plus là ! Astrid bouillait de rage, de colère, a un tel point que ses yeux étaient remplis de larmes.

« Mademoisellle Jallek porte énormément sa prothèse. Ce qui ne permet pas à sa peau de… »

Une multitude d’injures raisonnaient dans sa tête. Elle avait envie de les crier ! De dire pourquoi elle ne supportait pas aller à l’extérieur sans son bras artificiel même si ce dernier la faisait souffrir. Elle n’avait pas encore trente ans… La dernière chose qu’elle souhaitait, c’était passer sa vie enfermée… Ils décidèrent de faire une pause. Elle attendit que tout le monde soit sorti pour se redresser et attraper son sac. En regardant son portable, elle vit le prénom de Sean apparaître et une risette fendit son visage en deux. L’idée de le voir allégeait son cœur et lui permettait de souffler. Il était toujours bon de savoir qu’après un mauvais moment quelque chose de meilleur vous attend. Sean serait ce moment de paix. Elle n’avait pas l’impression d’être une mutilée, d’être une femme couverte de cicatrices et torturée par son passée. Elle avait juste l’impression d’être Astrid. Ou bien Nightingale, parce qu’ils se connaissent aussi dans cette nouvelle drogue qui a empêché bon nombre de fois la belle de ne pas mettre un terme à ses jours. Un jeu virtuel, une sorte de Skyrim ou bien Dragon Age, mais en grandeur nature. Un plaisir pour les sens et pour ses instincts de militaires : de survivants. Parce que oui, c’est ce qu’elle était comme l’avait souligné si bien le Président. Bah oui, un enfant de la patrie rescapé des méchants cela ne court pas les rues ! Alors elle avait eu le droit à tout le blabla, les honneurs, etc. Les médecins rentrèrent de nouveau et elle lâcha a contre cœur son téléphone sans avoir demandé pourquoi elle avait cet effet la sur Sean. Tôt ou tard, Astrid devrait lui dire pour son bras, mais elle n’était pas prête. Elle ne voulait pas que son regard change, elle ne supportait pas la pitié et c’était ce qu’elle pouvait lire parfois sur le visage des gens une fois qu’ils étaient au courant de son handicap.

« Maintenant, nous allons tester la nouvelle prothèse. Cette dernière pourra répondre aux signaux électriques envoyés par ses nerfs… »

Astrid ne l’écoutait déjà plus. Ses pensées étaient déjà dans le jeu.

Comme toujours quand Nightingale rentrait dans le monde virtuel, elle regarda sa main qui semblait normale et ce simple fait la rendait un tant soit peu heureuse. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne lui fallait pas beaucoup de choses pour retrouver un peu le moral. S’armant de son arc, elle avançait prudemment au milieu des ruines pour retrouver Black Suit. C’est une impatience croissante qui fait battre le cœur de la demoiselle. Maintenant devant lui, elle lui offrit un sourire :

« Bah alors, tu as donne langue au chat ? »

Sean semble être perdu dans ses pensées. Un fait qu’il confirmait déjà en passant sa main dans son dos pour attraper son arme.

« Relax Blondain, je ne te veux pas de mal. »

Astrid remit quelques mèches de cheveux derrière son oreille avant de s’accoler à côté de lui contre le mur.

« Tu veux aller où aujourd’hui ? Après la journée que j’ai eue : j’espère que tu as un plan en tête ! Tout me convient, je te suis ! »

Black Suit  ₪ Nightingale

Il était une fois.

GleekOut!

Nightingale savait comment gérer les situations difficiles. Astrid tout du moins. Dans son baraquement à l’armée, il y avait eu quelques fois des débordements. Elle avait toujours su les gérer d’une façon calme et distinguée. Même si cela voulait dire rentrer dans la mêlée et montrer qui était le chef. Elle espérait que Black Suite retrouve la raison sans qu’ils en viennent en main. Cela serait dommage… Tout avait si bien commencé entre eux. Il avait réussi à trouver un chemin vers son cœur et son for intérieur que peu de personnes avaient emprunté. Encore moins des hommes. Femme indépendante et forte, avoir quelqu’un pour partager les plaisirs et les malheurs du quotidien n’avait jamais été son but. Elle aimait bien trop son métier pour perdre du temps avec une chose aussi inutile que l’amour. Elle avait ses deux mains, elle avait sa cousine et son cousin, elle avait son escadron : elle était la reine dans le monde des contes de fées. C’était avant que le mal ne répande son venin dans cette vie idyllique. Empoisonné, rongé par la gangrène : elle avait payé le prix fort. En plus d’avoir perdu sa famille militaire, elle avait perdu son avant-bras et devait maintenant continuer d’avancer sur le long chemin de la vie. Nightingale se mit à ses côtés et commença à son tour à regarder les passants. Étrange qu’un combat n’était pas encore lancé. Cela ne saurait tarder. Si d’ordinaire, elle aurait été la première à se jeter dans la mêlée, elle n’était pas d’humeur. Elle aspirait pour une fois au calme et tenter de trouver un peu de bonheur là où elle pouvait. Black Suit lui demanda comment elle allait. Elle haussait nonchalamment ses épaules. Ce n’était pas une question qu’on lui posait. Sa famille avait compris que c’était une interrogation à double tranchant. Ou elle réagissait bien, ou elle partait dans une colère sourde et s’enfermait un peu plus dans la bulle de sa dépression post-traumatique.
Au lieu de continuer sur cette lancée, elle préférait lui demander quel était le programme. Non-contente de pouvoir être sortie des griffes des médecins, une part d’elle voulait se rassurer sur le fait qu’elle n’était pas seulement un cobaye pour la science, une tatoueuse dans la grande ville de Chicago. Elle voulait tout simplement être Nightingale, la forte. Celle dont il faut se méfier, qui vit dans l’ombre pour mieux attaquer. Lorsqu’il demanda ce qu’elle désirait faire, ces mots lui brûlèrent les lèvres : « Retourner dans le monde réel, prendre des cachetons et m’endormir pour toujours. » Elle se retenait. Ce n’était pas bienfaiteur pour son esprit d’avoir des idées aussi noires comme le dirait son psy. Elle devait positiver, et passer à autre chose. Ils étaient forts pour ça les hommes en blanc avec leur grand discours alors qu’ils ne ressentaient pas sa douleur et sa peine.

« Si tu me proposes d’aller chasser quelques Eshu, je ne dis pas non. J’ai des comptes à régler avec ces enfants de putain ! »

Nightingale ne mâchait pas ses mots. Et pour cause. On ne peut pas dire que la dernière fois qu’elle avait eu affaire à eux l’histoire, c’était bien passé, encore moins finie. Torturée encore et encore, elle avait dû se battre contre la douleur du présent, mais également contre celle du passé qui avait refait surface d’une façon traîtresse. Black Suit n’en savait rien. Seulement quelques personnes chez Gaïa le savaient. Cela était bien suffisant. Elle ne voulait pas passer pour un faible.

« Disons que nous avons des comptes à régler et que je dois leur rendre la monnaie de leur pièce ! Tu sais question de bienséance oblige ! »

La demoiselle ironisait ses paroles, mais on pouvait cependant sentir à travers ses mots qu’elle ne rigolait pas et que ce qu’elle avait en tête dépassait les droits de l’Homme et du Citoyen. Peut-être même de l’Humanité. Elle n’aurait pas de cœur, ni de remords à les faire souffrir aux centuples ! Astrid, comme Nightingale avaient compris qu’il n’y avait pas de justice dans le monde, pas de juste-milieu. Si parfois des nuances de gris réussissaient à apparaître : dans le monde de la guerre, c’était tout noir, ou tout blanc. Plongeant son regard dans le sien, elle resta quelques instants comme ceci. Elle laissait le temps s’arrêter.

« Allons dans les ruines. On pourra peut-être trouver de l’équipement. »

Elle eut un sourire en coin avant de se faufiler déjà entre les gravats. Si Nightingale avait préféré être dans les bois bien plus sécurisants selon elle, Astrid avait été entraînée dans les villes. Entières ou bien partielles.

« Tu es prêt pour le jour de l’unité ? Tu penses que tu vas aller dans l’arène ? »

Demanda-t-elle tout en regardant autour d’eux à la recherche d’objets, mais surtout de potentiels ennemis. Ils étaient maintenant seul sur la Map et cela voulait dire qu’ils n’étaient pas en sécurité. C’est cédant pour l'énième fois à la tentation de le regarder qu’elle vit l’objet devant lui. Une boite noire. Au milieu de nulle part. Elle était tentée de croire que c'était une coïncidence, mais elle ne voulait pas risquer que son ami se blesse. Mieux valait prévenir que guérir. Elle-même savait qu'on ne guérissait pas de ce genre de chose. Même s'ils étaient dans un jeu. Black Suit était sur le point de poser son pied dessus :

« Ne bouge plus ! »

Cria-t-elle avant de se mettre à courir vers lui pour le plaquer au sol. Elle arrivait trop tard, l’engin avait explosé, mais elle avait réussi à les mettre hors de portée. À peu près. Nigthingale pouvait sentir la chaleur dans son dos et une douleur l’élançait dans la jambe. Cette mine n’était pas là pour tuer. Elle était là pour mutiler, blesser. Astrid avait déjà eu affaire avec ce genre de projectiles. Maintenant sur lui, ses joues se mirent à rougir.

« Désolée… Je… Tu n’es pas blessé ? » Elle se racla la gorge et voulait se relever, mais son corps tremblait. Le bruit de l’explosion n’était pas pour lui rappeler de bons souvenirs. « Réflexes de militaire… Ces petits bijoux ont fait bien des dégâts dans notre armée. »

Son regard toujours dans le sien, elle se releva et proposa son bras à Black Suit :

« Je suis nulle en ville hein… ? Je ne sais à vrai dire pas où je vais. Tu veux bien montrer le chemin ? »

Maintenant debout, elle regarda sa jambe et enleva de cette dernière un morceau de métal tout en grimaçant.

« Ah la pute ! »

L’entaille ne semblait pas être profonde, elle savait de toute façon qu'avec l'adrénaline qui se trouvait dans son sang : la douleur était moindre. Elle vérifia qu'elle pouvait mettre un pieds devant l'autre, toucha du bout des doigts la plaie puis elle jeta l’écharde métallique avant de relever la tête :

« On continue ? »

Black Suit  ₪ Nightingale

Il était une fois.

GleekOut!

On ne pouvait pas changer sa vraie nature. Elle était rentrée dans l’armée à 16 ans, avait servi loyalement son pays d’adoption. Astrid avait donc été formée pour le combat. Lorsqu’elle vit l’engin non identifié, il ne fallut pas longtemps pour qu’Astrid prenne la place de Nightingale l’espace de quelques instants. Se retrouvant au sol, il s’en était fallu de peu. S’empressant de savoir comment se portait Black Suit, elle secoua négativement sa tête :

« Bien sûr que je m’inquiète pour toi ! Je serais une coéquipière horrible si je ne me souciais pas de ta santé. »

Maintenant debout, elle regardait son propre corps et remarquait une entaille à sa jambe. La plaie n’était pas profonde, elle survivrait. Certes, la douleur était lancinante, mais supportable. Entre les Eshus et ses bourreaux en Afgha : Astrid et Nightingale commençaient à être rodé. Et puis même si la douleur était là, elle ne voulait pas paraitre faible. On pourrait dire ce qu’on voulait sur Astrid : Nightingale ne courberait pas l’échine pour une blessure de cette envergure.

« Na, ce n’est rien. »

Elle pouvait déjà entendre la voix de Pepper ou bien de Drathir la sermonner concernant ce choix, mais elle les chasse de son esprit. Elle attendit qu’il soit debout pour commencer à l’inspecter. En voyant un filet de sang couler dans son cou, elle s’approcha de nouveau de lui et n’hésita pas à passer sa main dans ses cheveux pour voir la blessure :

« En revanche, cela me semble plus profond… Tu es sure que ça va ? »

Elle était douce dans ses mouvements et enleva délicatement sa main en la glissant le long de sa jugulaire. Nightingale posa quelques instants son regard sur sa dextre maintenant tachée de sang. Elle avala sa salive avant de l’essuyer frénétiquement contre sa tenue. Elle n’aimait pas avoir du sang sur elle. Plus maintenant. Avant l’Irak, elle s’en moquait. Alors que son regard se noircissait d’une folie sourde et singulière, Black Suit la sortit de ses pensées. Lorsqu’elle le vit sa main tendue, elle se mit à sourire : chassant les démons de son esprit par la même occasion. Un sourire tout aussi doux fendait maintenant son visage, elle ne mit pas de temps à glisser sa main dans la sienne. *Il y a des bons côtés à être blessée finalement…* Pensa-t-elle. Nightingale, par envie, ne pouvait pas s’empêcher de resserrer son étreinte. Elle ne s’aventurait pas souvent dans les ruines. Si elle les trouvait fascinantes, elle les trouvait encore plus traitre et dangereuse. Les bois étaient plus sécurisants à ses yeux. C’est alors que la paix se brisa. Sean ne mit pas de temps à mettre des mots sur ses pensées.

« Prévisible… À croire que toi et moi, on ne peut pas avoir un moment de tranquillité ensemble. »

Regardant autour d’elle, s’ils restaient là : ils allaient se faire canarder. Elle avait maintenant lâché la main de Black Suit, elle releva son armure pour arracher un morceau de son juste corps. Elle entreprit de faire un bandage serré avec ce dernier pour faire une compression réduisant la douleur et le saignement de sa jambe. Nightingale arma son arc et jeta un coup d’œil au radar de Sean.

« Ok… On ne peut pas rester là ! »

La Gaia se tourna vers le bâtiment qu’il venait de passer. Sans réellement réfléchir, elle s’engouffra dans ce dernier et cherchait déjà du regard une planque. Si elle avait envie de se battre, elle voulait aussi survivre. Ils étaient tous les deux blessés. Il ne fallait pas tenter le diable. Non, ils n’étaient pas ces fous de Caho ! Ses iris se posèrent sur un placard : assez grands pour eux, deux mêmes s’ils allaient être serrés.

« J’espère que tu n’es pas claustrophobe ! »

Et sans attendre de réponse, elle s’engouffra dedans, se collant contre la paroi au maximum pour lui laisser de la place.

Black Suit  ₪ Nightingale

Il était une fois.

GleekOut!

Lorsqu’elle vit son sourire, approuvant sans un mot ce qu’elle venait de dire, son cœur manqua un battement. Une risette tout aussi tendre apparut le temps de quelques secondes avant qu’elle ne reprenne un air sérieux, grave. Le lieu ne se prêtait pas à une forme de rapprochement, telle qu’elle soit. Le monde de Darwin était bien trop impitoyable pour cela. Très peu de choix s’offraient à eux. Ils étaient trop nombreux, eux-mêmes n’étaient pas en état de faire un quelconque combat. Nightingale avait brièvement bandé sa jambe pour être d’attaque avant de chercher du regard une échappatoire. Un passage sinueux qui menait, elle ne savait où, semblait leur ouvrir les bras. Sans réfléchir, elle s’y engouffra en demandant en amont si cela dérangeait son ami. Durant son entraînement, son équipe avait subi diffèrent type de formation et l’une était de rester enfermer pendant 24 heures dans un dédale de tunnels pour trouver une issue. Se sentant concernée, car fautive pour la blessure de Black Suit, elle ne peut empêcher son regard d’être teinte d’inquiétude. En voyant que l’obscurité les entourait de plus en plus, en remarquant que les crevasses se faisaient plus profondes et dangereuses : elle sortit ses lunettes à vision nocturne. Sean, cependant, avait déjà remarquée une issue et l’entraînait doucement en posant sa main sur sa hanche. Nullement gênée de cette proximité, elle se laissa donc guider sans broncher parce qu’elle lui faisait confiance. En entendant ses paroles, elle regarda derrière eux et pouvait déjà entendre leurs pas se rapprocher.

« Je ne suis pas certaine… Ils sont bien trop rapides… »

Ils semblaient avoir l’habitude du terrain, de connaitre la map. Ce n’était pas son cas. Nightingale continuait de suivre Black Suit, tentant de l’arrêter lorsqu’un trou se trouvait sur sa route. À chaque fois qu’une crevasse se présentait, elle regardait la profondeur de cette dernière. Un plan commençait à germer dans sa tête, une idée qui pourrait leur sauver la vie. En voyant une crevasse profonde, suffisamment pour les cacher et dont ils pourraient en ressortir, elle arrêta Sean avant de chuchoter ces quelques mots :

« Tu ne vas peut-être pas aimer ce plan, mais… Si on se cache dans ce trou, on se recroqueville dans le noir : ils pourront passer au-dessus de nous sans nous voir. Même avec s’ils ont des lunettes à vision nocturne : il faudrait qu’ils regardent dans la crevasse pour nous remarquer. »

Son palpitant battait à tout rompre. En entendant les pas se rapprocher, elle enleva ses lunettes et sauta dans le trou sans réellement attendre la réponse de Sean. La réception la fit gémir de douleur à cause de sa jambe et elle dut rester quelques instants au sol avant de se mouvoir en rampant vers le coin le plus sombre.

Black Suit  ₪ Nightingale

Il était une fois.

GleekOut!

Et alors qu’elle pensait qu’il allait la rejoindre, qu’il allait venir avec elle : Black Suit fit l’impensable. Il l’abandonnait. Dans un trou, avec une jambe qui n’est pas totalement en état de marche. Nightingale se mit à trembler et elle avait envie de hurler son pseudonyme ingame de rage ! Incapable de contrôler ses spasmes, elle se mit à faire des mouvements d’avant en arrière. Bientôt les flashs de ses amis morts au combat arrivaient dans son esprit. La rendant faible, lui faisant perdre ses moyens. En temps normal, Achlys était là pour l'apaiser. Mais là, il n'y avait personne. Elle était seule face à ses démons. Astrid avait l’impression de revivre les événements de son passé. Car dans les premiers jours de son incarcération dans le désert, c’est dans une fosse comme celle-ci qu’elle avait croupi pendant plusieurs jours et même si la lumière n’était pas réellement omniprésente : Astrid pouvait sentir le confinement dans lequel la mettait cette cachette. Son plan était un échec. Un cuisant échec. Prenant une grande inspiration, s’accrochant à l’idée qu’elle ne pouvait pas laisser Black Suit dans la merde, elle s’était relevée en un instant et tournait comme un lion en cage avant de remettre ses lunettes. Son arc maintenant dans son dos, elle s’approcha d’un coin. Ce pan de mur n’allait pas lui résister. Celui du parcours d’obstacle dans le régiment était bien plus grand. Alors qu’elle cherchait un angle d’attaque propice pour pouvoir grimper : elle entendus des coups de feu et son sang ne fit qu’un seul tour.

« Non… »

Elle ne le laisserait pas mourir ! Elle ne laisserait aucune autre personne mourir sous son commandement, en sa compagnie. Pas alors qu'elle pouvait faire quelque chose. Pour la première fois dans l’histoire de son personnage, ce n’était plus Nightingale au commande, mais bien Astrid. En deux en trois mouvements, elle avait grimpé et se hissait tant bien que mal pour que ses genoux touchent la terre ferme. Reprenant dans ses mains son arme, elle se mit à courir. Qu’importe que la blessure à sa jambe lui fasse mal. L’adrénaline, la peur de perdre celui pour qui se sentiments étaient confus animait ses jambes. A l’affut, elle entendait de nouveaux pas précipité. Profitant d’un passage dans le mur, qui la ferait disparaître de ce qui semblait être l'artère principale de ce dédale, elle se colla à la paroi. Espérant en silence qu'ils ne prennent pas ce chemin, contre toute attente, elle avait cessé de trembler, elle était calme. Le calme avant la tempête de la guerre. Un soldat devait toujours savoir se contrôler au moment venu. Bientôt, elle vit Sean passé devant elle, suivit de trois assaillants. BANG. Correction, deux ennemis. De rage, elle sortit de sa cachette, arma son arc : lançant une flèche qui allait se loger directement dans la nuque de l’homme qui lui tournait le dos. Pas de bruit avec cette arme, aucun moyen pour le dernier de savoir d’où le tir venait. C’est ce qu’elle pensait, mais lorsqu’il se retourna : elle vit que lui aussi pouvait la voir. Plongeant en avant pour faire une roulade, deux balles sifflèrent : l'une d'entre elles effleura son épaule. Néanmoins, son corps était déjà en mouvement et ce dernier n'était pas prêt à s'arrêter malgré le pincement qui émanait maintenant de son bras. Elle avait lâcher son arc pour attraper ses dagues et tout en se relevant transperça le malheureux. Elle répéta plusieurs fois le geste, s’acharnant sur ce joueur. Essoufflés, ses traits étaient déformés. Une explosion de sentiments grandissait dans sa poitrine tandis qu’elle retournait sur ses pas en essuyant le sang de ses lames sur son pantalon. Elle attrapa son arc et se retourna. Lorsqu’elle vit Black Suit en face d’elle, elle lâcha d’une voix inquiète, apeurée :

« C’est la première et dernière fois que tu m’abandonnes… »

Oui, elle venait de tuer deux hommes, mais ce n’est pas cette action qui la mettait dans cet état. C’était la peur de voir un ami tombé devant ses yeux. Elle avait assez de morts dans son entourage. Que cela soit le joueur ou bien la personne derrière : la donne était la même. Astrid laissait de nouveau la place à Nightingale après cet épisode. Ses tremblements disparurent petit à petit et elle retrouvait une certaine contenance.

« On continue Blondain ? »

Nightingale voulait sortir, elle voulait respirer l'air frais. Sans le regarder, elle le dépassait et reprenait la route.