Personne n'aurait pu imaginer que les conséquences seraient aussi grave. Plusieurs de ses collègues de travail étaient morts, retrouvés chez eux en train de pourir sur leur chaise de bureau ou dans leur lit, n'ayant pas survécu à leur dernière connexion. Quand les zombies étaient apparus pour la première fois dans le jeu, Starkiller avait trouvé l'idée amusante. Une distraction qui allait les empêcher de s'entre-tuer le temps que durerait l'événement. Puis le véritable danger qu'ils représentaient avait été dévoilé avec les premières morts dans le jeu, puis l'hécatombe dans la vie réelle. Lui-même avait payé le prix fort pour ses imprudences. Trois vies foutues en l'air par des zombies. L'ambiance World War Z était sympa jusqu'au moment où les joueurs comprenaient qu'ils n'auraient pas eu une chance dans la vraie vie.

Cependant, Starkiller n'avait pas peur. Starkiller avait encore sept vies pleines et pas dessus tout, il avait une mission. Il était chargé de la sécurité du camp et il faisait donc ce qu'il avait été chargé de faire. Beaucoup de CAHO étaient des idiots téméraires, mais ils faisaient partie de l'équipe comme tous les autres. Il fallait limiter la casse d'une façon ou d'une autre et si Starkiller ne pouvait pas empêcher les siens de sortir, au moins pouvait-il faire en sorte d'empêcher les ennemis de rentrer.

Voilà pourquoi ce CAHO se retrouvait-il dehors à faire le tour de la frontière. Il cherchait la faille à combler, la faiblesse dans les fortifications de la ville qui permettrait aux zombies de pénétrer sur leur territoire. Il n'était pas sorti sans arme, non, dans ses mains se trouvait un fusil à pompe récupéré dans l'arsenal CAHO, prêt à faire de la purée de mort-vivant au moindre geste suspect aux alentours. En cas de besoin, il avait également un neuf millimètre, classique mais efficace. Pour sa défense, le gilet pare-balle qu'il avait revêtu devrait le préserver des dégâts en cas de rencontre avec d'autres joueurs.

La ville avait des airs de film apocalyptique. Un champ de ruines rempli de poussière, occasionnellement balayé par les intempéries que les développeurs décidaient de leur imposer aléatoirement. Quelques portes branlaient encore sur leurs gonds arrachés. Des vitrines avaient survécu au passage du cataclysme et des joueurs déchaînés, mais elles étaient rares et sales. De temps en temps on entendait des grognements provenant des alentours, témoignant de la présence des mort-vivant non loin de lui. Le danger était réellement partout en cette période et ceux qui se montraient imprudent ne faisaient pas long feu.

Concentré pour faire le moins de bruit possible, prenant garde à chaque parcelle de terrain sur lequel il posait le pied de ne pas tomber dans un piège, il pu entendre distinctement le pas rapide caractéristique d'un autre joueur. Aussitôt, le CAHO se mit en position d'attaque, le fusil braqué vers l'origine des pas, se déplaçant pour pouvoir se mettre sur le chemin de l'inconnu qui cheminait vers lui sans traîner.

-Qui va là ?

Starkiller avait tous les droit de poser la question. Ils avaient beau être en terrain neutre, ils étaient à la limite de son territoire et si l'ennemi envoyait des espion estimer l'état de leurs défenses, Starkiller allait s'arranger pour qu'il ne retrouve jamais le chemin de sa base. Cependant, la personne qui se apparu devant lui n'était pas une espionne. Du moins, pas d'après ses sources. Non, la personne qui se trouvait devant lui était juste une fille paumée qui avait rallongé sa peine de prison de dix bonnes années. Il ne baissa pas son fusil et ne perdit pas un instant son air mortellement sérieux.

-T'as pas intérêt à bouger où je t'explose la gueule.

Starkiller avait la rancune facile, il devait l'admettre. Il ne comptait pour le moment pas la tuer, mais si elle avait des objets intéressant sur elle, il ne se priverait pas pour la dépouiller. Après tout, détrousser des joueurs ne constituait pas une déclaration de guerre ouverte.