Run for your life or... Fight [feat Cosmo, Alaska et Mera]

Cosmo & Alaska & Mera & Ellie ✻ Run for your life or... Fight

Un soupir. Probablement le vingtième de la soirée. Ou le trentième. Je ne les comptais plus. C’était sans importance de toute façon. Trois fois que je relisais le même paragraphe. Un bout de texte que je devais étudier pour le lendemain. Et qui comptait 75 % de la note soi-disant. Rester concentrée. Ne pas m’éparpiller. Rester concentrée. Voilà ce que je devais faire. Toutes ces histoires, je voulais les ranger dans un coin de mon cerveau. Et ne plus m’en rappeler. Mais étais-ce réellement possible ? Alors que je levais les yeux, ils fixèrent automatiquement un point précis. Un endroit devenu subitement trop familier. Le bureau, là où se trouvait le cruel tyran de mes désirs. L’ordinateur. Tout mon corps le réclamait. Non pas l’engin en question mais le monde que j’avais découvert il y a quelques jours. Monde dans lequel j’avais été tuée froidement et sans pudeur. Une balle dans la tête. J’avais halluciné. J’étais effrayée. Mais seulement au début. Petit à petit, mon cerveau avait fini par passer l’éponge. Et en redemandait. Encore. Devenais-je sadique envers moi-même ? Etais-ce ce qu’éprouvait mon frère Ezekiel à chaque fois qu’il appuyait sur la souris ? Je voulais le savoir. Ce monde m’intriguait. Mais aussi les Atom, team que j’avais intégré récemment. Sans que je m’en rende compte, je m’étais déjà assise sur la chaise. Mais je restais calme. Partagée entre l’excitation et l’appréhension, entre la curiosité et l’anxiété, j’orientais la souris vers le mot « connexion ». Je pris une grande inspiration et je fermais les yeux tout en cliquant.

Essoufflée. Perdue. Effrayée. Je courais à vive allure. Sans même prendre le temps de voir si elles étaient toujours là. Où étais-je exactement ? Mais surtout comment en étais-je arrivée là ? Pourquoi me retrouvais-je poursuivie par deux femmes ? Deux femmes d’une équipe ennemie ceci-dit. Je décidais de stopper ma course, m’accordant quelques secondes de répit, dissimulée derrière un arbre. Un arbre ? Un rapide coup d’œil dans les alentours me fit comprendre que je m’étais retrouvée dans la forêt. Super. J’allais probablement être confronté aux tarzans de la forêt. Peut-être pas en fait. Alliés nous étions, me semblait-il. Dans tous les cas, je devais réfléchir. Penser. J’étais en mauvaise posture. Mais pourquoi ? Pourquoi m’avaient-elles prises en chasse ? Que leur avais-je ? Un fin sourire naquit sur mes lèvres. Ah oui, j’oubliais. Parce que c’était le but de ce jeu. Tuer. Chasser les autres. Vraiment stupide. Dire qu’à la base j’étais simplement venue pour découvrir le paysage et ses environnements. Connaitre davantage mes nouveaux camarades. Mais elles étaient là. Tout près du QG des Atom. A l’affût. Prêtes à m’attraper. J’étais énervée. Dire qu’elles étaient deux. Même pas fair play ces garces maugréais-je en me pliant en deux pour reprendre mon souffle. Par réflexe, je tendis la main mais elle retomba sur du vide. Et merde ! Pas de revolver. Pas d’armes. Aucun moyen de me défendre face aux deux dégénérées. Et je restais persuadée que la discussion ne servirait à rien. Non mon seul moyen restait de m’enfuir. Ou bien de trouver une porte de sortie. Je cessais de respirer. Un bruit. Sur ma droite. J’en étais certaine. Mon sang ne fit qu’un tour. Mon cœur battait la chamade. Elles étaient tout près. J’avalais difficilement ma salive. Calme-toi Enyo. Tu peux le faire. Tu peux te défendre. Fini le temps où on t’appelait la blonde écervelée. Fini le temps où on l’on ne t’estimait pas à ta juste valeur. Tu allais leur montrer ce dont tu étais capable. Je pris une inspiration et fis un décompte. A 3, je sortis de ma cachette en courant. Pour aller me rétamer par terre. Pitoyable. Des rires me stoppèrent tandis que je relevais la tête. Deux silhouettes se tenaient au-dessus de ma personne. Et je déglutis.

Cosmo & Alaska & Mera & Ellie ✻ Run for your life or... Fight

Lorsqu'elle n'était qu'une enfant, infime et souriante, rayonnante d'une vie fragile, pourtant si vive, Alaska se rendait souvent au creux des forêts, accompagné de toute sa famille, veillant à ce qu'elle ne se blesse pas. Une forêt, pourtant considéré comme un havre de paix aux yeux du monde, devenait alors pour cette poupée aux os de verres un lieu aussi redoutable et menaçant que le serait une grotte obscure privée de toute lumière. Un seul faux pas, et son minuscule petit corps risquait de s'effondrer sur le sol, en un retentissement sarcastique murmurant "faiblesse en son cœur, quel douce prison la retenant à sa vie". Elle ne se souvient pas de la foie qui égaillait alors son cœur, la confiance en le moindre de ses pas. Ses jambes, bien que graciles, portaient l'enfant entre les feuilles de l'automne ne cessant de s'effondrer de ces arbres mourants. Et son rire résonnait entre les profondeurs de cette immense forêt. Son simple sourire parvenait à embaumer toute la famille. Ce n'était qu'une forêt, et pourtant, la petite fille semblait diviniser ce lieu dans lequel elle souhaitait se rendre dès que le temps le permettait. Jusqu'au jour où la vérité la rattrapa, un triste matin d'hiver. La petite tenta de courir, suivant les pas de son frère. Elle s’élança à l'égale de son aîné, tout sourire, rêvant depuis toujours de courir à en mourir entre les flocons de neiges s'immisçant entre les arbres jusqu'à ses joues pâles. Sauf qu'elle ne pouvait tout simplement pas tenter le diable ainsi. Elle n'en possédait ni le pouvoir, ni la force nécessaire. Personne ne peut lutter contre son avenir. Ainsi, comme la destinée le lui avait prédis, Alaska s'effondra sur le sol, inanimée, probablement brisée à jamais. Elle ne s’élança plus jamais en un rire, et ne revint jamais dans l'ombre fraîche et reposante d'une forêt. La vérité sur sa condition l'avait rattrapé.

A présent, toute vérité est falsifiée par ce jeu, lui offrant tout ce dont elle rêva jamais, y compris une nouvelle identité. Aúra s'élance au travers la forêt, en un rire, non plus doux et fragile, mais cruel et tragique. Elle n'est plus la proie, mais le prédateur. Échanger les rôles est devenu sa spécialité. Accompagné de sa meilleure amie et meilleure co-équipière au sein du jeu, la fièrement nommée Hannibal, leur duo de ténèbres et de peurs est près à frapper une nouvelle fois, sur une âme innocente et solitaire. Celle-ci tente vainement de s'échapper. Mais, qui des trois connaît t-il le mieux les mystères sombres et terrifiants d'une forêt agonisante ? Probablement la sanguinaire tueuse au regard enfantin, contredisant la soif de sang se lisant sur son visage, et la reine du feu, enflammant toute vie sur son passage. Un duo incontestablement mortel, au sens non moral et dénué de franc-jeu. Elles désirent le sang, elles désirent la mort. Leur prochaine victime ne pourra jamais survivre. Fuyant tel une déjantée au travers la forêt, la frayeur embaumant son être se lit en ses pas précipités, mais chancelants. Jusqu'à ce que le silence plane de nouveau sur la forêt. La petite avait décidé de se cacher. Plutôt futée. Chantonnant comme une gamine au travers la forêt, Aúra épi le moindre son s'échappant de cet antre diaboliquement agencé tel le tombeau de leur proie. Qui semble alors plus stupide qu'elle ne le promettait, s’élançant vers elles en un cri peu convaincant. J'éclate de rire, prédisant sa chute pitoyable sur le sol boueux. "Tu es une dure à cuir, toi." ironise Aúra, définitivement très amusée par la position délicate dans laquelle se trouve leur proie. Posant un pied sur son dos, elle se tourne vers sa complice et déclare, alors, en une voix touchant plus à la démence qu'à la raison: "Hum, c'est loin d'être amusant si la chasse est aussi simple, non, Hannibal ? Qu'est-ce qu'on pourrait bien lui faire ? Laisse moi penser aux différentes possibilités... je peux t'empiler avec mon katana sur ce bel arbre pour que tu ne fasses qu'un avec la nature et blablabla, ma complice ici présente peut très bien préparer un délicieux steak avec ta frimousse de princesse. Une préférence ma belle ?" Aúra se tourne vers sa proie en un sourire. Cruelle, mais comme droguée à la peur de ses victimes, sa vengeance sur la vie et sur les autres n'est que le commencement. Elle n'est pas prête à pardonner qui que ce soit, et ce jeu est une façon d'équilibrer les balances. Tout le monde à égalité sur l'échelle du cataclysme. Elle ne rend que justice. "Ou, tu peux te défendre, histoire que la chasse soit un peu plus épique ?" La libérant, elle recule de plusieurs pas, aux côtés de sa complice, défiant du regard la princesse.

Cours, cours donc, qu’elle pense. Ses yeux cherchent la proie. Cherchent ces cheveux blonds qui se soulèvent à mesure que les pas enfantins la propulsent, plus vite, toujours plus vite. Elle a espoir, elle a espoir d’échapper aux deux prédatrices. Mais l’espoir ce n’est qu’une invention humaine futile. Qu’une invention sans intérêt. Un sourire éclot sur les lèvres d’Hannibal, un sourire doux, cruel. Un sourire digne de la meurtrière qu’elle est devenue. Que le jeu l’a faite devenir. Parce qu’il l’a transformée. La fille qui étudie l’humanitaire, balayée. La poupée blonde a la rage. Le cœur qui bat plus vite, plus fort, parce que l’air parvient plus facilement à ses poumons. Elle a soif, soif de mort, de sang, elle a soif de brûlé. Elle a soif de puissance et de pouvoir. Cours pour ta vie, mon agneau, qu’elle pense. La proie n’a aucune chance, mais elle continue à courir. Elle se dirige vers la forêt. Cherche la moindre échappatoire. Elle ne veut pas mourir, c’est normal. Qui le voudrait ? Peut-être que son tatouage n’indique plus qu’un un, et c’est à la vraie mort qu’elle veut échapper ? Hannibal en doute. Il doit lui rester plus qu’une vie. Mais si c’est le cas, ce ne sont pas des regrets qui résonnent dans ses yeux. Ce n’est pas de la culpabilité qui lui fera écrire un autre nom dans son carnet. Non, ce n’est qu’une satisfaction cruelle, presque démente ; mais elle aime ça, Hannibal. Elle aime ça comme les junkies aiment leurs pilules, comme les alcooliques aiment leurs bouteilles, comme les brutes aiment leurs mains. C’est une junkie, Hannibal. Une droguée de la mort, une droguée du sang, de la peau brûlée. Elle ne veut que cela, encore et encore. Laisser des cadavres dépouillés derrière elle. Marcher dans la boue de leur sang, regarder ses traces de pas dans la mort pourpre étalée sur le sol.
« Tu es une dure à cuire, toi. » Elle est tombée, leur proie. Ses pieds se sont emmêlés. Elle ne s’est pas, n’a pas pu s’élancer. Leur échapper. Et désormais, ses minutes sont comptées. Hannibal se sent comme Jigsaw. Elle se sent cruelle, puissante. Et cette puissance la fait vibrer. Elle regarde Aúra avec un sourire, Aúra et son air enfantin, Aúra et sa cruauté désincarnée, Aúra et sa douceur maladive. Son briquet à la main, Hannibal étouffe un rire. La flamme du briquet semble comme un miroir se refléter dans ses iris déments. « Hum, c'est loin d'être amusant si la chasse est aussi simple, non, Hannibal ? Qu'est-ce qu'on pourrait bien lui faire ? Laisse-moi penser aux différentes possibilités... je peux t'empiler avec mon katana sur ce bel arbre pour que tu ne fasses qu'un avec la nature et blablabla, ma complice ici présente peut très bien préparer un délicieux steak avec ta frimousse de princesse. Une préférence ma belle ? » Hannibal ne dit rien. Se contente d’observer leur proie, l’enfant tombée, se contente de s’approcher de se baisser vers cette brebis craintive qui va bientôt mourir. Leurs yeux se croisent, et la Caho lentement approche la flamme du briquet du visage de la jeune fille. « Ou, tu peux te défendre, histoire que la chasse soit un peu plus épique ? » Alors Hannibal se recule, et Aúra relâche leur proie. Recule. Dans son dos Hannibal sent le lance-flammes. Elle a hâte. Hâte d’entendre leur proie les supplier, hâte d’entendre ses cris, ses hurlements. Hâte de tuer. « Cours, cours donc... »