Rien n'est plus reposant que le silence. Et où trouve-t-on le silence ? Au dessus de tout le monde. Le ciel et son étendue azur infinie semble aussi réelle que dans la vraie vie. Ce ciel artificiel formé de pixels n'en est que la pâle copie. Lexi le sait. Tout le monde le sait. Pourtant, elle ne peut s'empêcher d'en être le plus près. De Darwin's Harbor, les grattes-ciels effondrés et abandonnés font office de décors, on peine à imaginer une vie avant leur mort. Le temps les bouffe et les rongent, leurs couloirs ne sont plus que des dédales infinies vers l'inconnu terrifiant. Sous les pieds de la jeune femme, la caillasse s'effondre et la poussière envahit l'espace mais rien ne l'arrête dans sa quête, elle se déplace. Elle s'élance, vive comme l'éclair, sa chevelure rousse fendant les airs. Son objectif ? Monter au sommet, embrasser les cieux, au plus près des dieux. Une bouffée incontrôlable, un besoin de liberté imminent, rien ni personne ne pourra se mettre en travers de sa route.

Et une fois au plus proche des étoiles, que fera-t-elle ? Quelle imprudence, de se balader dans ces décors, elle devrait mettre les voiles et disparaître. Aucun endroit n'est à l'abri ici bas. Mais elle s'accroche, elle approche, bientôt la lumière caresse les décombres. Elle sort des ombres. Elle se délecte de cette liberté, de ce toit signant ses quelques instants de répit, en dehors de la réalité.

Elle aurait du écouter le gamine, car une silhouette s'approche : elle n'est pas seule à avoir eu l'idée de se rendre là, et selon la personne qui se présentera face à la jeune femme, elle devrait attaquer par tous les moyens. Plus question de se laisser abattre. Elle n'est pas CAHO pour rien.

Le visage est familier, et c'est peut-être le pire. Elle sent la haine dans les yeux de son ennemi. Ils se sont déjà rencontrés, sans aucun doute, Lexi se souvient même l'avoir presque tué avec des yeux doux. Il n'y avait pas plus crédule qu'un nouveau joueur, surtout lorsqu'il s'agissait d'un homme.

« Tu ferais bien de sauter du toit, Cheshire », dit-elle avec calme, « cela sera moins horrible que si nous devons combattre. »