Tes phalanges blanchissent sous l'effet de la pression que tu leur infliges. Tes doigts sont fermement refermés sur le bois de ta hache. Tu es colère. Mais ta rage brûle froidement au creux de ta cage thoracique. Seul ton regard de glace témoigne de ton état actuel. Tu t'accordes un soupir, relâchant une partie de la pression que tu viens d'accumuler. Tu as raté ta dernière proie et cela te frustre profondément. Chaque fois que tu jettes ton dévolu sur l'un des joueurs du Darwin's Game, c'est une nouvelle partie de chasse qui commence. Tu t'investis corps et âme dans la traque passant des jours, parfois des semaines à retrouver ces êtres que tu veux voir exterminés. Certains diront que tu ne vaux pas mieux que ceux que tu traques mais tu sais que tu es faux : tu nettoies le monde de sa vermine, tu milites pour ce que tu penses juste. Là est toute la différence : jamais tu ne tues pour le plaisir. Tu as une mission et tu cesseras de t'y vouer uniquement à ton dernier souffle.

Ce n'est que partie remise, tu le sais. Te redressant de tout ton haut, tu jettes un dernier coup d’œil aux alentours. Ta proie s'est sûrement déconnectée. La manœuvre est lâche et désespérée mais efficace. Tu la retrouveras et en viendras à bout. Entre temps, il faut que tu bouges. Rester sur place dans ce jeu, tu sais que c'est un coup pour se faire butter. Gardant ton arme en main, tu prends la route du QG GAIA. Le chemin que tu as emprunté diffère de ceux que tu suis d'ordinaire. Tu n'es pas perdu pour autant : la forêt est ton terrain de jeu favori, tu t'y retrouves toujours. Sortir hors des sentiers battus, c'est s’offrir de nouvelles opportunités. Et découvrir de nouveaux endroits, comme celui sur lequel tu viens de tomber. Prudent, tu avances à pas de loup jusqu'à ta découverte. De prime abord, le lieu n'a pas grand-chose d'extraordinaire si ce n'est un grand mur de briques à moitié effondré. Tu fronces les sourcils, observant les ruines attentivement. Là, sur la pierre, s'étale un nombre de pseudos plutôt conséquent. Tu te demandes ce que tout cela peut bien signifier : un hommage ? Une espèce de cimetière virtuel ? Un tableau de chasse ? Tu grognes un peu en te doutant de quelle solution il s'agit. Cependant, tu es tiré de tes réflexions par un bruit se glissant dans ton échine. Te retournant vivement vers la source sonore, tu aperçois un nouveau venu. Et quel nouveau venu. Tout de rouge vêtu, tu hésites à savoir s'il est plutôt ridicule ou impressionnant. Décidément, tu t'attires les déséquilibrés masqués. Tu jauges, observes. Attends de connaître ses intentions. Restes aux aguets, prêt à riposter en cas d'attaque.

Tu aurais sûrement voulu te tromper. Ah moins que... pas vraiment ? Il est étrange comme tu sembles apprécier de plus en plus les affrontements auxquels tu te livres. Tu ne les as jamais fui mais aujourd'hui, il semblerait presque que tu les cherches. Tu fais lentement craquer ta nuque, le regard planté sur l'énergumène venant de te rejoindre, la hache bien en main. Tu écoutes l'autre t'expliquer et se vanter de ses exploits. Le mur des lamentables. Si tu avais de l'humour, sans doute aurais-tu ris. Tu restes cependant de glace, te concentrant sur la façon la plus efficace d'attaquer ton nouvel adversaire. Car oui, il ne t'en faut pas beaucoup plus que son arrogance et son amour du meurtre pour t'en faire un ennemi. Au moins, tu essayes de te trouver une raison. Beaucoup ne prennent pas cette peine pour butter leur prochain dans ce maudit jeu.

« Montre-moi tes talents, le chasseur. » De quoi engager le combat sans plus de cérémonie. Tu t'élances soudain vers lui, près à lacérer ses chairs de la lame de ta hache. Mais le bougre s'attendait à ton attaque, tu n'as pu compter sur aucun effet de surprise. Sans doute aurais-tu mieux fait de bondir directement sur le bonhomme, sans même attendre une seule explication. Mais tu voulais comprendre et c'est toujours le soucis avec toi : personne ne peut saisir la folie des hommes.