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S'inscrire au DARWIN'S GAME, c'est montrer de quoi nous sommes capables et prouver que nous sommes l'avenir. Une seule regle : survivre. A partir de maintenant, c'est chacun pour soi. Nous devons oublier qui sont nos freres, nos femmes, nos amis, parce qu'aujourd'hui ils sont nos ennemis. Tuer ou etre tue est notre seule motivation. Le jeu debute.



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 so you think you can tell Heaven from Hell (pv)
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MessageSujet: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyDim 4 Sep - 0:22
Un peu loin, en sortant tout juste du territoire ATOM, à flancs de falaises, un paradis. Son paradis. La mer se retirait parfois, détail d'une programmation fine et éclairée, suivant des marées aléatoires, puisqu'aucune lune ne brillait sur ces terres et qu'aucune une gravité réelle ne tenait en place les hommes ou les plantes vertes dans cet univers faux, de préfabriqués emboités les uns sur les autres, où les textures étaient des nombres et les mouvements des formules mathématiques faites de variables et d'algèbres. Mais puisque le nombre créait le détails et que le détails créait le réel, en plongeant ses deux pieds dans les bassins d'eau froide, il aurait pu tant y croire ; ou plutôt, non : il s'y croyait. L'eau limpide créait des reflets contre le granite des roches et les algues poussaient pêle-mêle dans les volutes grises, vertes, violacées de leur sauvagerie. Le sable laissait des traces comme un passage, comme une preuve, et là, dissimulé derrière les marées et les rocs majestueux, le paradis gisait. Intouchable, intouché. A eux seuls.

"Je pensais pas que la mer serait si haute ce matin." Apollo, les deux mains sur le front, tâchait de tracer un chemin mental pour parvenir à la crique. D'ordinaire, on y accédait par un chemin à peine tracée sur la plage, au plus près de la roche, où il fallait s'accrocher à deux mains pour ne pas se laisser emporter par le courant alors que l'eau ensevelissait la moitié du corps. Aujourd'hui, la houle intense qui frappait l'escarpement en rendait l'accès plus difficile encore. "On peut toujours descendre en rappel sur la falaise, mais ça fait beaucoup d'exercice pour un huit heures du mat'." Il se tourna d'un sourire vers sa compagne. Ce monde n'était pas taillé à leur désir. Pas taillé pour le paisible, ou le calme et encore moins la facilité. La survie avait un prix, et si un joueur dans les environs en connaissait quelque chose, c'était bien Sibel. Parce qu'il n'y avait que Sibel pour être debout aux aurores les plus rouges. Que Sibel pour le suivre sur des plages désertes. Que Sibel pour ne siffler le moindre commentaire, pour analyser la situation froidement, efficacement, d'un œil expert, infaillible. Tout ça pour une partie de pêche. "Ou on peut nager aussi si tu préfères. Le courant a l'air fort, mais c'est la solution la moins dangereuse." Il savent tous les deux que ce n'est pas un jeu. Qu'au bout du chemin, il y a ces tatouages sur leurs peaux, qui brûle et tempête et sonne comme le glas. Mais pour aujourd'hui, ils se laisseront le bénéfice du doute.

Apollo se défait de son sac, de son gilet pare-balles, de son écharpe. Il balance le tout sur le sol en délaçant ses pompes, le cul dans le sable, un œil sur son fusil, l'autre sur les environs. "Je vais aller faire quelques mètres plus haut en mer pour voir si y'a du courant, ça évitera d'avoir deux noyés au lieu d'un. Tu peux rester là en attendant ?" Le fond de l'air est frais, l'eau sûrement plus encore. Il frissonne en remontant les pans de son pantalon et en faisant trois pas dans la flotte. "J'te jure, t'as intérêt à me remercier pour ça plus tard." Il s'avance en riant, chaque pore de peau en contact avec la mer brûlant son épiderme. Il lui devait bien ça, idée de merde pour idée de merde. Il lui fait un petit signe pour lui indiquer qu'il revient vite et il plonge dans la première vague. Pour se donner du courage, Apollo pense à la ligne de pêche dans le fond de son sac, et les morceaux de barbaque prédécoupés qu'il a emmené comme appâts ; il pense au feu de camp qu'ils pourront dresser, et aux poiscailles qu'ils attraperont sûrement une fois à bon port. Il pense au silence. Il pense à la mer. L'eau l'engloutit et une vague l'emporte au loin.
Sibel Özal
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyVen 23 Sep - 16:51
Elle passe une main lasse sur sa joue, y étalant l’eau saline qui l’avait éclaboussée quelque instants auparavant, l’autre en visière au-dessus de son regard mordoré. Le soleil du matin la fait plisser les yeux, mais un sourire fend discrètement ses lèvres, ses prunelles rivées sur la silhouette familière d’Apollo. « Petite nature », qu’elle raille gentiment, la commissure haute, moqueuse, alors qu’elle détaille la falaise qui surplombe l’oasis convoité. Ils avaient fait pire que dévaler de tels pics avec un équipement artisanal; ils avaient frôlé la mort plus de fois qu’elle ne pouvait les compter, et elle continue de s’en amuser. Les flots s’agitent à un rythme aléatoire, qui fait presque oublier qu’elles ne sont pas réelles; pourtant, l’odeur salée, presque amère, de l’océan infini lui emplit les narines, l’air marin fouette la peau de ses bras. Ce paradis n’avait rien à voir avec l’humidité oppressante, avec la noirceur menaçante de Camden Church. Elle s’était laissée mourir, le thorax écrasé par l’influence de l’église, avant de revivre après s’être jetée pour la première fois depuis les quais du chantier naval. « Ça devrait le faire. » Certes, la houle était menaçante, mais en prenant soin de se fier au chemin qu’ils empruntaient d’habitude, ils parviendraient sans doute à cette parcelle de sable blond sains et saufs. S’ils passaient aisément pour deux éternels adolescents, deux casse-cou insensés, elle n’aurait jamais encouragé son camarade à poursuivre si elle avait eu le moindre doute – même optimiste – qu’ils n’était pas en mesure de revenir intacts.

Kerrigan hoche la tête alors qu’elle capte l’œillade entendue de l’homme. Résolument debout, les bras croisés sous sa poitrine, elle frictionne, l’air absent, ses membres mordus par la brise matinale. « Sois prudent, quand même », qu’elle l’enjoint, signifiant à la fois son accord et sa réserve, alors qu’il trempe ses orteils dans l’eau glaciale. Or, Apollo était bien en mesure de prendre ses décisions, aussi ne l’empêche-t-elle pas d’y plonger, un frisson lui parcourant l’échine rien que de penser que ça serait bientôt à son tour de se laisser engloutir par les flots glacés. Un sourire flotte, discret, vestige de la remarque amusée, sur ses lèvres alors qu’elle observe l’homme s’éloigner au rythme des vagues, qui s’écrasent sans ménagement sur les rocailles qui s’avancent dans l’eau. Elle pose un instant les yeux sur les effets éparpillés du bleu avant de planter ses genoux dans le sable, rassemblant les objets abandonnés par Apollo pour faciliter son retour; elle lève le nez à l’odeur de viande tiède qui s’échappe du sac, se résolvant néanmoins à fourrer l’ensemble des effets à l’intérieur, puis serre la veste pare-balles autour pour n’en faire qu’un paquet facile à trimbaler. Kerrigan relève les yeux, parcourant l’horizon d’un regard vif. Elle ne voit rien; rien d’autre que les flots houleux qui semblent avoir avalé son camarade, faisant bouillir dans sa cage thoracique une panique instantanée, fulgurante.

Elle saute sur ses pattes, étirant le cou pour mieu voir, comme si quelques centimètres de plus lui permettrait d’apercevoir, dans le creux d’une vague, l’indice de la présence de l’homme. « Apollo? » qu’elle tente finalement, la voix forte, portante, qui se réverbère sur les falaises avoisinantes. La mer ne lui renvoie toutefois qu’un silence crève-cœur qui la fait se crisper, serrer les dents. Les yeux rivés sur les vagues, elle retire ses sandales, sa veste, remonte ses cheveux, puis s’arrête en plein mouvement : elle repère le sommet du crâne qui émerge des flots. Un soupir rassuré franchit ses lèvres. « C’est faisable? » qu’elle ose, attrapant autant ses affaires que celles de son coéquipier, prête à se lancer elle-même dans les flots pour le rejoindre là où ils pourraient profiter d’un instant de répit, loin de tout et de tous. Une vague meurt sur le sable, chatouillant ses pieds, faisant bouillonner son envie de s’installer pour la journée à l’abri de ses propres démons.
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptySam 29 Oct - 16:28
Le froid lui bouffe la peau. Chaque mouvement, une morsure. Plus intense, plus vivace que la précédente. Si bien qu'au bout d'un moment, il ne sent plus rien du tout. Les vagues, fortes, qui cherchaient à le renvoyer sur la plage, soudain l'aspirent. Apollo se laisse porter par le courant. Plus bas sur la place, il aperçoit la silhouette de Kerrigan, alerte, assise, il n'est pas certain. Une brume fine et lointaine joue sur sa perception de la distance. Le plancher des vaches ne lui avait jamais apporté qu'une précaire sécurité et une conscience du terrestre bien plus dévastatrice qu'il n'aurait pu l'imaginer. Dans la base militaire de Floride, ils les avaient fait flotter dans d'immenses cuves transparentes remplies d'eau salée, projeter au-dessus du vide et souffler par de gigantesques turbines : la tête en haut, la tête en bas, la tête en l'air. Kobe avait pu assister à un vol parabolique avant que les résultats du labo ne reviennent avec les mauvaises nouvelles qu'on connaissait ; la sensation brutale et soudaine d'être arraché au sol et de s'élever, sans entraves, libéré de la gravité, avait eu l'effet d'une bombe. Alors à cet instant comme aux autres, dans les courants marins, il se laissait porter, flotter, la tête presque englouti par la flotte, les muscles relâchés. Il s'oubliait et il écoutait respirer la mer.

Le cri de Kerrigan le ramène à la réalité et à la mer qui s'agite sous ses pieds. Apollo se redresse, il lui fait signe, pour ne pas qu'elle s'inquiète. Il n'a pas oublié ce pour quoi il a sauté à pieds joints dans les remous, loin de ça. Comme un retour parmi les solides, une vague plus forte que les autres lui fouette le poitrail. "Kerr !" Il crie pour attirer son attention, levant le bras pour qu'elle l'aperçoive dans les remous. "C'est bon, viens !" Il l'observe enfouir à son tour les pieds dans le sable fin, et s'avancer parmi les vagues fortes, le gros sac sur son épaule. Apollo se remet en branle, ses bras brasse à nouveau l'eau et il se rapproche de l'amie petit à petit avec l'intention de la retrouver à mi-chemin. Passer les premiers courants forts qui bordaient le littoral serait le plus difficile, mais une fois avancé plus profondément vers le large, ils pourraient gagner l'île sans danger. Apollo avait une confiance absolue envers Kerrigan et son niveau de natation. D'ailleurs, elle était déjà bien plus avancée que lui lorsqu'ils se rencontrèrent, entourés d'une houle sévère. "Hey." Il lui lança, en tendant le bras. "Je vais prendre le sac, vas-y. Si tu nages encore deux mètres par là, le courant va t'aider." Il lui donne une petite impulsion en l'attirant vers lui et la projetant le plus loin possible vers la direction indiquée. Le sac était lourd, mais les gilets pare-balles facilitaient la flottaison. Il la suivait de près, pas dans l'optique d'être un quelconque secours au cas où un courant plus fort que les autres l'emportaient, mais de savoir qu'elle se trouvait à portée si lui-même entrait en hypothermie. Les longues minutes déjà passées dans l'eau commençait à se faire sentir, et l'estomac vide qu'il trimballait depuis le matin n'avait qu'une envie: trouver rapidement le chemin du littoral.

Le vent était contre eux, la houle provoquait une nage saccadée, difficile. Apollo commençait à s'épuiser, lorsque Kerrigan retrouva le courant qu'il avait évoqué. Ils se laissèrent porter vers l'ouest, échangeant parfois le sac entre eux. Au bout d'une dizaine de minutes, le soleil se décida finalement à venir réchauffer leurs visages émergeant des flots et Apollo éclata d'un rire fort et un peu fou en apercevant les contours du Paradis. Bientôt, il avançait pieds nus dans le sable, jetait le sac au sol qui rebondit dans un grand fracas et s'asseyait pour reprendre son souffle, grelottant. "Rappelle-moi qu'on emprunte un bateau au camp la prochaine fois." Il frottait ses mains contre ses bras pour essayer de se réchauffer. En jetant un coup d'oeil au contenu du sac, il constata que l'ensemble avait été complètement mouillé - sans grande surprise - et entreprit d'aligner leurs fringues sur la plage, face au soleil, en faisant des petits bonds de gazelle. Son pull lui collait à la peau, et le pantalon dégoulinait sur le sol. "Pourquoi ça finit toujours en commando avec toi ?" Il donna un petit coup d'épaule à Kerr avant de frotter son dos pour tenter de la réchauffer. Ils avaient toujours eu, tous les deux, un sens quelque peu brouillé du danger.

Sibel Özal
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyVen 4 Nov - 3:32
Ses pieds s’enfoncent dans le sol, ses orteils s’agrippant tant bien que mal au sable avant qu’il ne se transforme en vase, l’empêchant de se porter elle-même. Alors elle s’abandonne au courant, qui la porte vers la houle tumultueuse, gardant un œil fixé sur la silhouette d’Apollo, qui semble vouloir la rejoindre. Ses avant-bras battent l’eau salée avec aisance, mais sa progression est haltée par l’équipement lourd qui entrave ses mouvements. C’est avec un soulagement évident qu’elle tend le sac à son complice, sans se faire prier; loin d’elle l’idée de passer pour la demoiselle en détresse, mais elle préférait largement confier cette responsabilité à Apollo. Ses pieds battent frénétiquement, un mètre et quelques sous la surface, alors qu’une vague les engloutit éhontément. Le sel de mer lui écorche les narines, et elle toussote alors qu’elle émerge à nouveau, se contentant de suivre les instructions de l’homme pour rejoindre au plus vite l’île qu’ils affectionnent tout particulièrement. Un secret bien gardé, une oasis de paix. Il faisait parfois le plus grand bien à Sibel de s’éloigner de l’agitation du chantier naval. Le courant les porte, généreux, jusqu’à une zone protégée des vents, comme gardée pure et intouchée par les éléments : comme un codage raté qui ferait en sorte qu’à cet endroit précis, au milieu de l’océan tourmenté, le soleil brille pour les accueillir dans un havre rassurant – et surtout, à l’écart des vagues menaçantes.

Le rire d’Apollo est contagieux; aussitôt, elle comprend que leur destination est en vue. Elle se laisse porter jusqu’à pouvoir toucher le fond, puis grimpe le banc de sable à quatre pattes, épuisée par la quinzaine éprouvante qu’ils ont passée avant d’en arriver là. Hilare, elle se laisse choir au sol, sirène échouée sur un littoral trop invitant, un bras sur les yeux pour protéger ses rétines des rayons du soleil. Ce n’est qu’en se relevant, en proie à la brise douce, mais fraîche, qui vient se frapper contre ses vêtements trempés, qu’elle se met à frissonner. Kerrigan tord les pans de ses vêtements pour en ôter l’excédent d’eau, consciente que leur meilleure option était encore d’attendre que le reste de leurs affaires sèche au moins partiellement. « Tu te fais vieux, Apollo, t’es plus assez en forme pour me suivre? » qu’elle fait, moqueuse, alors qu’elle absorbe avec amusement le coup d’épaule qu’il lui assène.. « Un bateau, et pis quoi encore? De toute façon, je suis persuadée que Dagger n’autoriserait jamais ce genre de caprice. Et puis, si ça se trouve, on devrait balancer où on s’en va, et ça, c’est hors de question. » Son sourire s’assagit, s’adoucit, alors qu’Apollo tente de calmer ses grelottements; elle-même se fait petite, ses bras serrés, les mains sous le menton, comme si ça l’aiderait. C’était leur trouvaille et ça le resterait, jusqu’à ce que d’autres chanceux tombent sur ce petit bout de paradis. Après ça, ils en trouveraient un autre. « Sans risque, c’est moins amusant. Rien de mieux qu’un peu d’adrénaline pour commencer la journée. »

Elle se défait un peu brusquement du contact réconfortant, dans un moment de réalisation, se précipitant sur son sac pour en examiner toutes les pochettes. Finalement, elle trouve ce qu’elle voulait, et l’extirpe, le nez plissé, présentant sa trouvaille à son coéquipier. « Sandwich à la viande fumée et jus de fruit inconnu. Emballé dans trois trucs différents pour éviter que l’eau rentre, et… » fait-elle, défaisant les épaisseurs de matériaux pour dévoiler leur repas de fortune. « … succès! » Certes, ça ressemble davantage à un repas de prison – ou de militaire, ou d’astronaute –, mais c’est déjà ça. « On dirait du jus d’orange, mais ça goûte plutôt… autre chose. Et je sais pas non plus c’est quel animal. C’est juste ce qu’on m’a donné. » Le mystère était entier. Quoi qu’il en soit, ça lui rappelle les repas douteux servis en avion, mais en bien meilleure compagnie. Elle tend la grande bouteille à Apollo alors qu’elle s’affaire à leur arranger un pique-nique à moitié convenable, utilisant une veste pare-balles en guise de plateau.
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptySam 19 Nov - 21:54
Il n'est plus certain maintenant, s'il ne s'était pas senti plus réchauffé par le brusque mouvement des vagues plutôt qu'à découvert, sur cette plage de sable fin qui laissait le vent fouetter leurs deux corps transis de froid. Ses mains frottent les épaules de Kerrigan avec force et vigueur, de mouvements dont lui-même a besoin, à l'instant, pour refaire circuler le sang dans son organisme. Il sautille sur place, grelottant. Dans le fond de son regard, l'iris pétille de sensations qu'il n'a pas connu depuis bien longtemps. Depuis, à vrai dire, qu'un avion transporteur avait déménagé la petite famille dans une banlieue chic de Chicago, abandonnant les rues droites et l'air marin d'Amsterdam. Il n'en avait jamais voulu à sa mère pour ce choix déconcertant et à l'époque terrifiant. Mais il aurait aimé revoir une dernière fois la mer du nord et son froid exécrable, cette eau verdâtre qui avait englouti les restants d'un père duquel il n'avait plus aucun souvenir maintenant. Kobe était assez au courant de la dangerosité de ce qu'il venait d'accomplir, et sans doute dans une autre situation, avec un autre coéquipier, ce serait-il permis d'hésiter. Mais le jeu étant le jeu, et Kerrigan à ses côtés, il n'avait pas fallu longtemps pour qu'Apollo se précipite vers la stupidité, avec l'ignorance de ces grands gamins qui n'ont rien appris de leurs erreurs, ni même de leurs plus grosses peines.

Le soleil tape assez fort pour que leurs peaux finalement, regagne quelques couleurs bienvenues, et entre les derniers grelottements et le sweat lui collant à la peau, Apollo parvient à grogner des remontrances. "Vieux ? On a le même âge !" Il lui asséna une petite tape derrière la tête. "Vieux de quoi d'ailleurs, on fait plus de trucs que la plupart des gosses du camp." Si "truc" englobait l'aberrante stupidité dont ils faisaient parfois preuve au-delà d'une décente sécurité ou d'un instinct de survie proche de la normale... Si elle le savait, Dragger le tuerait sans doute, et deux fois plutôt qu'une. Il rit de la perspective de se faire remonter les bretelles par celle qui l'avait dès le début pris sous son aile et accompagné au cours de sa première connexion. Même s'il était sans doute vrai qu'elle les aurait envoyer se faire foutre pour emprunter l'une des embarcations du groupe. Et, par la même, traîner avec l'élément à surveiller du groupe. "On demandera pas. Ce sera un secret." Dit-il en chuchotant comme si quelqu'un se trouvait là, à l'écoute. Il en blaguait encore, mais la perspective d'être découvert, eux et leur petit paradis amenait son lot d'inquiétude. Et Apollo n'était pas certain de vouloir échanger la facilité à la pérennité de cet îlot de calme et de plénitude.

Finalement, il s'étire, écarte les bras à vouloir prendre le soleil le plus possible, se réchauffer dans la chaleur protectrice de ses rayons. "Hm. On était censé faire une pause, non ? Ralentir ? Se calmer ?" Difficile avec Kerrigan, dont la bougeotte venait une fois encore de la projeter à quelques pas. Fouillant dans leur sac, elle en sortit le paquet qui contenait leur déjeuner, ainsi qu'une bouteille d'un liquide étrange, qu'elle lui tendit immédiatement en installant le tout au sol. Apollo desserra le bouchon et porta l'inconnue substance à ses lèvres. Un grognement s'échappa de sa gorge. "C'est pas du jus d'orange." Il fit la grimace en jetant la bouteille dans le sable près d'eux. "Et garde un bout de viande, on va s'en servir comme appât. Pas sûr qu'on va trouver des vers dans ce coin là de la map." Des poches externes du sac, il extirpa le fameux fil de pêche et se mit en recherche de bâtons assez épais pour confectionner une canne de fortune. Il en dénicha trois/quatre, à quelques mètres d'eux, légèrement abîmés par l'écume mais assez grand pour être utilisable. "Rah et ce vent de merde..." se plaignit Apollo en revenant sur ses pas. Il se débarrassa de son sweat, en t-shirt face aux éléments. De la poche de son pantalon, il tira deux morceaux de métal, fins, qu'il cambra à l'aide de ses mains. "On a de la chance." Lança t-il à Kerrigan, assise près de lui. "Le courant va rameuter toute la poiscaille par ici. C'est parfait." Il posa la première canne à pêche à ses pieds. "Et ça va nous faire du bien un peu de silence. Je commençais à en avoir marre de servir de pigeon voyageur." Asséna t-il en référence à l'insigne des messagers, qui brillait tranquillement sur la manche de son manteau humide.
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyMer 30 Nov - 1:42
Il était vrai qu’ils étaient encore plus immatures que les adolescents qui batifolaient dans les environs du chantier naval, lorsqu’ils s’y mettaient. Ils occupaient pourtant des rôles importants; ils portaient à bout de bras des responsabilités que l’on n’aurait pas laissées entre les mains inexpérimentées de ceux dont l’âge ne trahissait pas un certain vécu. Pourtant, c’était eux que l’on retrouvait à braver le courant, à rire au nez du danger, quitte à tomber en état d’hypothermie, simplement parce qu’ils avaient envie de s’amuser. Toutefois, le soleil frappe leur peau, fait sécher lentement, mais sûrement les couches de vêtements qu’ils ont gardées par pudeur, mais aussi celles qu’ils ont retirées pour s’éviter la morsure de la brise fraîche qui souffle sur eux. L’homme murmure et elle s’approche instinctivement pour ne rien manquer, pinçant les lèvres, réprimant un sourire candide lorsqu’elle comprend à quoi il faisait allusion. Elle ne rajoute rien, se contentant d’une œillade entendue, comme si en parler davantage maudirait leur bonne volonté; comme si le simple fait d’en parler suffirait pour qu’ils se retrouvent contraints de tout déballer de leurs aventures matinales.

Ils étaient partis de bon matin et ils disposaient de toute la journée pour le farniente. Kerrigan était persuadée que de s’activer un peu lui permettrait de dégourdir ses muscles, engourdis par le courant froid. « Après », qu’elle fait, brièvement, signalant à Apollo qu’il n’avait qu’à faire ses affaires pendant qu’elle leur mettait en place un pique-nique improvisé. Elle dépose les sandwiches sur la table improvisée, ouvrant chacun d’entre eux pour en extirper une tranche de viande mystère qui servirait de festin aux poissons qui, à leur tour, auraient peut-être la chance de remplir un peu plus la panse des pêcheurs improvisés. Apollo avait raison; dans les environs, rien ne risquait d’être suffisamment tentant pour leur assurer une pêche abondante, à moins qu’ils n’arrivent à dénicher, enfouis dans le sable, quelques crabes sous-développés qu’ils piqueraient sans merci au bout de leurs hameçons de fortune.

Sa besogne achevée, Kerrigan imite son coéquipier, retirant sa veste pour dévoiler un débardeur qui sécherait bien plus vite à l’air libre. Elle étend le vêtement non loin d’elle, sur le sol, puis se laisse à nouveau choir dans le sable fin, les jambes croisées, les coudes ancrés dans le sable, le visage levé vers le ciel pour absorber un maximum de rayons ultraviolets. « Un peu de silence et de repos ininterrompu. Une journée bénie », qu’elle finit par souffler. Un simple murmure suffit à ce qu’ils s’entendent parfaitement malgré la houle tranquille et les bruits de la nature. Un changement radical par rapport au chantier naval, où l’on était contraint de s’habituer au vacarme incessant des outils des ingénieurs nautiques et au tintamarre des trop loquaces et trop soudés ATOM. Le messager pose une première canne par terre et Kerrigan s’en empare, attachant un petit bout de barbaque sur l’hameçon improvisé avant de le lancer aussi loin que possible. L’appât se mêle au courant et plonge lentement vers les profondeurs; satisfaite, elle plante l’autre bout de la canne à pêche dans le sable chaud, l’enterrant soigneusement sous un monticule qui l’empêcherait de se laisser emporter dans un moment d’inattention. « Si t’as l’insigne, quelque part, c’est parce que tu l’as pas refusée », qu’elle s’amuse finalement, passant une main dans ses longs cheveux pour leur redonner un peu de tonus. « Dagger t’a fait les yeux doux? »

Un sourire gentiment moqueur étire ses lèvres. Elle n’était pas de nature taquine; Faust la battait à plate couture sur ce point, et elle avait plutôt tendance à s’énerver de façon passagère lorsqu’on se moquait d’elle. Pourtant, avec Apollo, c’est différent, comme si elle savait exactement où s’arrêter pour ne pas s’attirer sa fureur. Peut-être parce qu’ils étaient similaires, presque pareils dans plus d’un aspect. « Je t’envie pas. Je voudrais pas avoir à me rendre à nouveau à Camden Church, peu importe les circonstances. » Un soupir lui échappe, mais elle secoue la tête pour se défaire de ses noires pensées. Plus elle se permettait d’oublier, mieux elle se portait. « Je t’envie pas, même si faire office de maître d’armes pour les ATOM c’est un peu comme se retrouver institutrice de maternelle. » Un pouffement de rire lui échappe. C’était un commentaire vaguement mesquin, mais elle avait appris à la dure, et les bleus étaient majoritairement réfractaires à sa méthode d’enseignement. Alors elle se retrouvait, le plus souvent, à entretenir le stock d’armes, à jouer à l’armurière plutôt qu’à réellement dispenser quelque leçon. Malgré tout, elle ne regrettait pas. Avoir une activité pour s’occuper les doigts et l’esprit lui convenait parfaitement. « La diplomatie te pèse pas trop? » La question vient naturellement et Apollo ne s’en surprendrait sans doute pas. Kerrigan – ou plutôt, Sibel – avait quitté le monde de la diplomatie depuis longtemps, mais les relations internationales la passionnaient toujours autant. Dans une certaine mesure, on pouvait presque considérer que les équipes de Darwin’s Game, chacune installée sur un territoire bien défini, étaient des nations indépendantes, mais intrinsèquement reliées.
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyMar 3 Jan - 20:45
Sur le visage de Kerrigan, les vestiges d’une fatigue vieille de plusieurs années s’affichaient au grand jour. Dans le fond des yeux ocres brillait les fossiles d’une vie à la quatrième vitesse. Il y avait plus d’expériences dans ce petit bout de femme que la moitié d’une équipe de Darwin, pensa Apollo en lui tendant la canne à pêche. Et personne d’autre dont il estimait autant les conseils et les commentaires. Kerrigan avait cet aura naturel pour le leadership que Kobe lui enviait secrètement. Une aptitude qu’il avait découvert chez sa mère et dont il se semblait totalement dénuée. Un trait de famille qui n’avait définitivement pas fait son chemin jusqu’à son ADN. Il pensait aux dîners mondains donnés par la matriarche Morrigan, dont la seule présence suffisait à illuminer toute la pièce. Comment elle pouvait tous les mettre à ses pieds d’une remarque, d’une fossette brillante couverte d’une fine couche de fond de teint. Lorsqu’il regardait Sibel évoluer parmi les ATOM, elle qui avait pourtant dû subir l’aversion, l’imbécilité, les commentaires sur ses anciennes allégeances douteuses au sein du jeu ; lorsqu’il voyait ce regard déterminé, ces sourcils froncés et alertes, prêt à aller dégommer quelques injustices ; il était fier de la compter parmi ses amis, parmi ses modèles, parmi toutes ces femmes qu’il avait et ne cesserait jamais d’admirer. Comme il aimerait n’avoir un dixième de leur volonté devant toutes les adversités que le karma lui balançait au visage.

La réflexion de Kerrigan sur son insigne, ses devoirs et la présence plus qu’importante de Dagger dans cette décision lui arracha un petit rire amusé. Il avait clairement entretenu, et ce depuis le début, un rapport privilégié avec la blonde ; qui le lui avait bien rendu en le prenant sous son aile alors qu’il venait de débarquer dans un univers inconnu pour lequel il n’était sans doute pas fait. « Dagger s’évertue à me garder dans ses jupes comme un gosse de dix ans. Elle doit penser que je n’ai pas ce qu’il faut. » Il haussa les épaules, résigné. « C’est vrai d’ailleurs, j’ai pas c’qui faut. » Marmonna t-il en tripotant son hameçon. La deuxième canne à pêche lui donnait plus de fils à retordre. Entre ses mains le morceau de bois glisse, couvert d’algues, et Apollo a bien du mal à le tenir en place pour y coincer son hameçon. Il tente à coups d’ongles de tailler l’objet. Le fil de fer s’était entortillé fermement sur lui-même et refusait de céder. Après quelques minutes, il parvint enfin à le libérer ; et donnant un coup ferme dans le vide, envoya la ligne flotter à quelques mètres de celle de sa camarade. « Je te l’accorde, Eivind a clairement fait des efforts plus rendre la déco plus sordide que jamais. Ça sent la poudre à moins de vingt mètres de l’entrée. Pas étonnant que tu ne t’y es pas plu. » Lança-t-il en référence à son ancienne allégeance, le tout appuyé d’un clin d’œil. Il vint la rejoindre, le cul sur le sable fin.

Le vent s’était légèrement levé et la brise faisait lentement sécher les vêtements au sol, et ceux, encore trempés, qu’ils portaient sur le dos, frémissant de temps à autre. Le commentaire de Kerrigan sur les troupes ATOM fit rire Apollo, qui lui lança un petit bout de bois à portée de main pour la forme. « Chez les ATOM, y’a juste la Cheffe qui fait peur. Va falloir t’habituer, on est pas mal entouré d’enfants de cœur. Pourquoi tu crois qu’on a besoin de toi dans les parages. » La question qui suivit le laissa perplexe mais ne l’étonna pas particulièrement. Kobe avait vent des anciennes activités de Sibel. Ses intérêts n’ayant pas changé du jour au lendemain, il comprenait que les vieilles habitudes puissent déteindre sur le jeu. « Un peu. Pas vraiment. Je sais pas. » Dit-il franchement, essayant de répondre à la question de son amie. Apollo fronça les sourcils en levant son visage vers Kerrigan. Il esquissa une grimace indécise, accompagnée d’un raclement de gorge, tâchant de remettre ses pensées dans l’ordre. « C’est comme… Je sers les intérêts de mon équipe, et maintenant que j’en ai pleinement conscience je trouve que je- enfin on- tu vois… on change. Tous. » Il scruta l’horizon. « Et on change beaucoup même. Il y a huit mois, j’aurai eu l’intelligence de peser les deux côtés de la balance avant de prendre une décision morale. Maintenant, la balance penche toujours du même côté. » Celui de l’équipe. Celui des ATOM et de leur infaillible fraternité. Une cause noble et indispensable ; mais n’était ce pas ce que l’on se répétait sans cesse dans les rangs, pour éviter de se retrouver tête nue face à la culpabilité ? « Je n’ai jamais adhéré aux théories qui mêlent jeux vidéo et violences sociales, mais… Qu’est ce qui nous arrive, Sibel ? » Il avait employé son prénom sans s’en rendre compte, dans un dernier soupir indompté, un souffle qui s’est déjà rendu. Kobe était fatigué de ne plus être ce qu’il avait toujours été ; il s’étonnait également de ne pas se trouver plus combatif envers ces changements qui l’affectaient. Comme si la transformation s’effectuait de l’intérieur, consciemment, et non contre son gré. En soutenant le regard de Kerrigan, il médita sur le fait que jamais auparavant il n’avait envisagé d’avoir cette conversation. Que jamais auparavant il n’avait encore eu de craintes, même infimes, sur ce qu’il était en train de devenir. Sur ce qu’Apollo, dans les coulisses, lui apportait et lui retirait en même temps.

Il lui sourit soudain. « Excuse-moi, je ne pense pas que ça répondait à ta question. » Il ne souhaitait pas être morose, pas en cette belle journée.
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Sibel Özal
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KERRIGAN
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyJeu 12 Jan - 21:45
« Eh », qu’elle fait, sèche, les sourcils froncés, mais les iris inondés d’une tendresse sans égale. Elle fait la moue, donne un coup d’épaule sur le bras d’Apollo, se laissant tomber un peu sur le côté. « J’te permets pas. » Elle ne le laisserait pas se déprécier ainsi sans rien dire. Même si elle était persuadée que ça n’était que pour s’attirer quelques mots de sympathie, elle le rassurerait quand même – toutefois, elle avait vite compris que le messager était sincère dans son commentaire. C’était pire encore aux oreilles de la femme que d’entendre un homme aux accomplissements si impressionnants se laisser abattre par ses insécurités les plus noires. Elle ne laisserait pas quelqu’un d’autre sombrer dans un abîme symbolique ainsi sans plonger sa main dans les flots; surtout pas lui.

Son regard se détourne doucement, passant du visage dépité de l’homme vers les flots. Sa ligne vogue doucement au gré du courant, mais rien ne laisse présager que quelque poiscaille s’y soit échouée. Celle de son complice coule dans un petit bruit sec, un peu plus loin; elle suit des yeux les mouvements discrets des fils quasi invisibles, les yeux plissés pour les protéger des rayons du soleil. « J’ai eu ma dose de poudre à canon. De canons tout court, en fait. » Un soupir passe ses lèvres. Pourtant, elle continuait de prendre les armes. Ironie du sort; elle avait échappé à une situation chaotique dans un pays assiégé pour se retrouver dans un monde dans lequel ne pas combattre est synonyme de mort prématurée. « C’est vrai que je m’y suis jamais sentie à ma place, pas réellement. » Elle n’était pas partie par égoïsme. Elle n’avait pas fui; elle avait déserté. Pour elle, il y avait une distinction entre les deux. Kerrigan avait trahi ses allégeances non pas par peur, mais par altruisme. Ou était-ce égoïste, en réalité? À bien y repenser, elle ne savait pas. Un peu des deux, peut-être. Elle passe toutefois sous silence ce qui est pourtant évident : elle ne se sent pas non plus à sa place chez les ATOM. Plus qu’avant… mais pas encore tout à fait. Apollo n’avait pas besoin de plus d’ennuis à partager; autant qu’elle se taise.

Kerrigan réprime un petit rire amusé au commentaire de son vis-à-vis. Dagger avait réellement une sale réputation; pourtant, elle la respectait, sans équivoque, cette blonde au sang bouillant qui gérait les ATOM d’une main de fer. Il n’était pas surprenant que la nouvelle maître d’armes ne se mêle pas de la politique interne, étant elle-même, dans l’esprit de plusieurs, une intruse. Une indésirable. Pourtant, elle observait de loin, approuvait; grinçait parfois les dents, aussi. Rien ni personne n’est parfait, après tout. Elle ne s’attend pas à une réponse spécialement exhaustive de la part d’Apollo, mais ce qu’elle entend la surprend. Oui, elle voyait; elle comprenait parfaitement ce qu’il signifiait. De concert, alors qu’il porte ses yeux sur le bout de la mer, elle pose les siens sur les traits pensifs de l’homme. Un tango d’œillades assumé qui en dit plus sur leurs états d’esprit respectifs que les mots qu’ils peuvent crachoter sous le coup du désespoir. « On oublie trop souvent qu’il ne s’agit pas de la réalité. » Kerrigan acquiesce, presque à regret; elle-même omettait trop souvent de se rappeler qu’il s’agissait d’un jeu vidéo. Une réalité virtuelle plus vraie que nature, mais virtuelle néanmoins. Elle croise les prunelles claires d’Apollo, mais ne dit rien. Elle ne sait pas quoi dire; elle n’a pas réponse à la question qu’il lui lance ainsi, sortie de nulle part, une question qui la heurte plus qu’elle ne le laisse voir. Ça la dérange, pas parce qu’elle ne sait pas quoi répondre, mais parce qu’elle ne sait pas quoi penser.

« T’inquiète pas », qu’elle finit par souffler, baissant les yeux finalement. Oubliées, les lignes qui voguent, toujours peu taquinées par la faune aquatique. Kerrigan ne réclamait pas de réponse, finalement. Peut-être parce qu’elle avait trop peur de la réponse, que ça la porte à réfléchir trop. Cette fois, l’appel de la mer prend le dessus – juste au moment où elle voit sa canne à pêche de fortune plonger vers le sol. Ses doigts se serrent autour de la branche et elle tire un coup sec pour bien hameçonner sa proie. « Je pensais pas vraiment que ça fonctionnerait », admet-elle, brusquement décrochée des constatations à fendre l’âme qu’ils partageaient silencieusement. Elle bondit sur ses pieds, levant la canne au bout de ses bras, vers le haut, comme une prière au soleil. « J’le vois pas! » Panique et excitation se mêlent dans sa voix – pourtant, elle sait qu’elle a toujours sa prise, qui tire par à-coups sur la ligne. « Allez, fais un ATOM de toi, dis-moi quoi faire », qu’elle se moque gentiment, s’assurant uniquement de conserver sa proie au bout du fil. Ce n’était pas elle qui évoluait depuis tant de temps au chantier naval; elle était néophyte, ignorante, et ne demandait qu’à apprendre.
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptySam 4 Fév - 21:24
T’inquiète pas. Apollo releva la tête. Kerrigan à sa gauche lui souriait légèrement. Sans lui répondre. Sans savoir, vraiment, quoi lui dire. Tant mieux. Lui non plus ne savait plus quoi penser, de ça, d’eux, du monde entier qui commençait à perdre la tête. Il lui était reconnaissant de ne pas trouver une excuse, une phrase toute faite pour dissimuler son angoisse, pour faire passer ses propres peurs, lui faire oublier ce qui le troublait ces derniers temps. Reconnaissant qu’elle ne cache pas les siennes non plus derrière les masques de quelques blagounettes. Il appréciait qu’ils soient sur cette même longueur d’onde, celle des citoyens inquiets, mobilisés, encore hésitants de la marche à suivre. Mais unis, dans cette adversité dont ils comprenaient qu’elle les dépasserait quoi qu’il arrive.

Il ne faut pas longtemps après cela pour que la première des cannes à pêche se mettent soudainement à penser dangereusement vers le large, tiré depuis l’autre bout par ce qui semblait être la première proie de la journée. Immédiatement, Kerrigan se jette sur le bout de bois en tâchant de garder l’objet sur le plancher des vaches. Elle lui lança une moue presque étonnée en admettant qu’elle n’avait pas pensé le miracle possible. Apollo éclata malgré lui de rire et lui relança sur le même ton. « Et pourquoi pas ? Tu pensais que j’allais te laisser poireauter la journée avec ton bâton dans l’eau ? Allez, debout, attrape-le ! » Kerrigan s’empâtait dans les fils de la canne, mais elle tenait bon malgré tout. Lorsqu’elle tira d’un coup sec – sans doute pour tenter d’hameçonner encore plus l’animal, Kobe eut un grognement. « Tire pas trop fort, il va se faire la malle. » D’un soupir éreinté, il se remit sur ses jambes, le sable dégoulinant le long de son pantalon. « J’le vois, attends. » Il ne releva pas la remarque sur son appartenance aux ATOM, ou sinon d’un sourire doux, sans pour autant la contredire. Ses connaissances de la mer, de la navigation et de la pêche, il les devait à son père, marin dans les ports d’Amsterdam ; et le peu de temps qu’il leur avait été permis de partir ensemble les week-ends, au petit matin, chasser la truite non loin des récifs. De cette époque, il se rappelait surtout la fatigue et les geignements qu’il avait pu pousser à l’encontre du géniteur, lui qui aurait bien passer la matinée au chaud dans le confort de son lit plutôt que dans le froid glacial de la mer du Nord. Les ATOM ne lui avait rien appris à ce sujet, sinon à apprécier finalement cet exercice bien plus délicat qu’il n’y paraissait.

« Un peu sur la gauche. » Dit-il à Kerrigan en s’avançant dans l’eau, remontant le fil de pêche jusqu’à la proie qui se débattait comme un beau diable. L’animal était immense pour traîner dans des récifs aussi proches de la terre. Apollo pensa subitement que les flots de cet archipel numérique aurait pu être peuplé de bêtes bien plus dangereuses qu’un simple mérou. Mais il était à présent trop tard pour s’en inquiéter, aussi enfonça-t-il ses bras, tâchant de maîtriser la bête. « Je l’ai. » Lança t-il le plus calmement possible pour ne pas risquer de le perdre dans l’euphorie. « On va le ramener sur le bord et on l’assommera avec un caillou. » L’animal se débattait férocement. « La vache, il est super gros. T’étais obligé de nous prendre une baleine à la première prise hein ? » Tant bien que mal, ils remontèrent jusqu’à la plage. Dans un soupir d’effort, Apollo envoya la bête plus haut sur la grève. Il attrapa la première grosse pierre qui lui passa par la main et l’assena violemment sur le crâne du poisson dont la queue frétillait contre sa gueule. L’animal redoubla d’effort. Il lui remit un coup. Plus fort. Les écailles s’étaient pelées et la chair rougie laissait couler un sang d’un rouge clair, mêlé à l’eau salée de la mer. « Là. » Dit-il en lançant la pierre sur le côté. Il constata qu’il était aussi trempé que lorsqu’ils étaient arrivés, trente minutes auparavant. Apollo se balança sur le côté et vint s’étaler contre le sable chaud.
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MessageSujet: Re: so you think you can tell Heaven from Hell (pv)   so you think you can tell Heaven from Hell (pv) EmptyMar 21 Fév - 20:26
La brune bondit sur ses pieds, en proie à une euphorie passagère causée par la prise qui s’est malencontreusement accrochée à sa ligne. Elle fait des mouvements mal avisés, se prend les pieds dans le fil de la canne d’Apollo, qui repose tout près de là. Tentant de suivre à la lettre les instructions du Néerlandais, elle serre les dents, persuadée qu’elle n’arriverait jamais à accomplir la tâche pourtant simple. Pour elle, c’est titanesque; elle n’avait jamais vraiment interagi avec des poissons autrement que dans son assiette. L’homme s’enfonce dans l’immensité océanique, plonge ses bras dans l’eau claire pour maîtriser la bête. Kerrigan se laisse momentanément distraire par l’exploit. « OK, OK », fait-elle, maîtrisant son ton de voix, se laissant inspirer par le calme du blond. Si elle plisse le nez à la méthode d’exécution proposée par Apollo, elle préfère se concentrer sur sa tâche, tenant la canne à pêche improvisée si fort que ses jointures s’étaient blanchies. « C’est la chance du débutant », qu’elle s’amuse alors que l’homme remonte sur la plage, s’affairant aussitôt à abattre l’animal qui se débat férocement, s’accrochant sans répit à ses dernières secondes.

Le poisson s’immobilise soudainement, mû uniquement par des influx nerveux de moins en moins fréquents. La main posée sous son menton, Kerrigan laisse traîner la canne dans l’autre avant de la laisser tomber dans le sable fin. « On aurait pas pu juste le, euh… le laisser mourir dans l’air, naturellement? C’est vraiment barbare ton truc. » Elle s’approche de leur prise, constatant avec entrain qu’il s’agissait d’un animal de taille monstrueuse – considérant ses standards. « C’est un miracle que le fil et l’hameçon aient tenu. » À partir de maintenant, elle sait quoi faire, et elle ne tarde pas à se mettre à l’œuvre. Attrapant le poisson par les branchies, elle le traîne jusqu’à la mer pour le nettoyer du sable et du sang qui le macule. Elle tient l’animal à bout de bras de la gauche, peinant à soutenir le poids du cadavre, pêchant de la dextre un couteau de chasse attaché à sa cuisse. De la base de la nageoire caudale à la tête, elle fend en deux l’animal, plongeant ses doigts dans la cavité pour en racler les entrailles, qui tombent dans l’eau pour la teinter temporairement de carmin.

Un coup sec de sa lame pour étêter la bête et elle sort prestement de l’eau avec un petit cri. « Ça a attiré d’autres poissons sur les stéroïdes », qu’elle rigole, soulagée de ne pas avoir dû se défendre contre un banc de piranhas moins sympathiques. Quelques coups de couteau suffisent à la femme pour lever du poisson un filet plus ou moins égal qu’elle découpe en petits morceaux. « Ça, c’est du sashimi frais », note-t-elle, tendant à Kobe un bout de viande rosée du bout des doigts. « Après l’effort, le réconfort; je ferais bien une sieste au soleil. » Elle joint l’acte à la parole en se laissant glisser sur le sable fin. Nul besoin d’attendre l’accord d’Apollo; il comprendrait. Leurs silences étaient aussi agréables et rassurants que leurs conversations, et elle siesterait bien en sachant qu’il était non loin d’elle.

- FIN -

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