Les vieilles ruines de Darwin Harbour. J'erre sans but réel, mes pas me portants déjà depuis une bonne demi-heure comme ça. D'habitude je suis suivie par mon fidèle compagnon de toujours, Andrew alias CraziiiPuppiii ou CraziiiCuicui... Je ne sais jamais vraiment comment il se fait appeler par ici ! Chiant comme il est, il a même trouvé le moyen de se faire changer son pseudo. Il a dû emmerder un GM et pour le punir il l'a affublé d'un nom encore plus stupide que l'original. Bref...
Alors que je me retrouve devant cette grande tour abandonnée, je lève les yeux vers un ciel bleu et dénué du moindre nuage. Je scrute les étages mes n'arrive pas à voir plus haut que le dix ou onzième. Je me dis que monter quelques étages me donnerait une vue d'ensemble sur Darwin que je n'avais jamais entrepris d'avoir. Sans plus attendre, j'attrape le manche de ma hache et je défonce la porte condamnée pour me mettre à l'assaut des escaliers.

Je monte sans trop m'essouffler. Mais lorsque j'arrive vers le 20ème et donc proche du top, je décide de m'arrêter là. En effet dans ma folle course contre moi-même, je n'avais pas prêté attention à ce qui m'entourait et c'est uniquement après avoir pris conscience de cette erreur fatale que j'entends des bruits de pas dans les alentours et donc que je réalise ne pas être seule. Immédiatement mes instincts prennent le relais. Je m'accroupis et cherche à faire le moins de bruit possible. J'ai la réputation d'être directe, franche et brutale, mais lorsque je sais à qui je m'attaque uniquement. Contre l'inconnu, il est inutile de se jeter dans la gueule du loup. Sans dire un mot, je me colle à la paroi derrière laquelle j'entends les bruits. Des pas... Une seule personne... C'est mon expérience du jeu qui me parle à ce moment précis. Je ne suis peut-être pas connectée depuis longtemps, mais je connais mon sujet. Une fois que je suis assurée que cette personne est bien seule, je décide alors de faire irruption dans sa salle pour la prendre de court. Ma hache bien serrée entre mes doigts, je me décale et me lance soudainement dans la pièce voisine. Là je vois un homme. Seul effectivement. Et lorsqu'il se tourne vers moi, je m'aperçois qu'il ne m'est pas inconnu. Une connaissance d'Andy encore... Mais ici, je suis certaine qu'il ne fait pas parti des amis. Et s'il n'est pas Caho, il est contre moi. Sans équivoque. Je reste immobile, droite, ma hache toujours en mains les bras ballants jusqu'aux cuisses.

Les ruines, ce n’était pas l’endroit où il se perdait dans ses escapades lointaines habituellement. Il leur préférait la forêt, plus sûre, là où il avait plus de chances de croiser une gueule amicale qu’un groupe d’ennemis. Quoique, jusqu’à maintenant, il avait croisé plus de caho et eshu que de bleus ou verts au milieu de ces arbres. Incompréhensible. Quitte à tomber sur des barbares -certains lui avaient prouvé qu’ils n’étaient pas tous tarés, mais d’autres l’étaient pour dix, autant éclaircir de nouvelles zones d’ombres sur sa pauvre carte de fortune, déjà déchirée de tous les côtés. Depuis la grotte hurlante, le neuf sur sa peau le brûlait, et il avait beau savoir que ce n’était que psychologique, il s’évertuait à ne pas se reposer sans rien faire. Partir à l’aventure était parfaitement conseillé par son inconscient stupide déterminé à croire qu’il n’y avait aucun danger. Et il pourrait observer de là-haut une porte partie du paysage, et tout reporter sur sa carte. Parfaite idée.

Sur le chemin, il croise des bestioles pas bien dangereuses, et des trucs à éviter. Balade tranquille jusqu’aux ruines, et il grimpe les étages, arrivé au vingtième il en a déjà marre. Puis c’est suffisamment haut pour avoir un assez grand point de vue. Il s’installe sur le rebord, les jambes dans le vide, et griffonne sa carte. Pendant une heure, il gribouille au crayon, sans faire attention au reste. Il est bien là, c’est calme, et personne n’a aucune raison de venir. Ce côté dessiné, il reprend sa batte dans la main, et prend le chemin d’une pièce adjacente pour continuer le dessin. Tourne sur lui-même pour trouver le meilleur spot, jusqu’à ce que ses yeux tombe sur une hache. Et à cette hache est attachée une jeune femme qu’il a déjà vu quelque part. Il côtoie rarement des blondes, mais il n’arrive pas à la remettre tout de suite. « Salut ! » politesse teintée de stress, l’atmosphère s’est alourdie autour d’eux, et son calme fond comme neige au soleil, elle n’a rien dit elle. Et là, il la remet dans le contexte. La copine d’Andrew. Enfin, l’ancienne, Nemo n’a pas trop pigé ce qu’il s’est passé entre eux, tout ce qu’il sait c’est qu’ils sont vraisemblablement toujours en bons contacts ici. Ou un truc comme ça. Mais il ne l’a jamais vraiment côtoyé, et il n’est plus à l’aise, ses doigts se crispent autour de la batte, les pupilles toujours rivées sur le côté tranchant de la hache. « Ahem… je peux repartir, si tu veux ? » Il lève légèrement son arme, prêt à la mettre devant lui au cas où. La carte est refourguée au fond de sa poche. Ça pue, il le sent mal.  Peut-être qu’elle fait partie de ceux qui s’intègrent merveilleusement bien dans l’univers des CAHO, auquel cas il est grave dans la merde. « Mais j'devine que ça va pas être le cas, hein ? » Autant se rendre à l'évidence. Il attend le premier coup, parce qu'il ne veut pas être le premier à donner le sien. Se recule de quelques pas vers le mur pété, à vingt étages il a des chances de survivre s'il saute ? Pas vraiment hein ?

« Non... Pas vraiment. » Lâche-je d'un ton froid, presque inhumain. Puis je reprends soudainement une composition bien plus sincère. Je souris subitement avec sincérité et enchaîne : « J'ai pas vraiment l'choix tu sais... T'es pas un Caho et quiconque se retrouve sur mon chemin sans être rouge est forcément un ennemi. C'est l'jeu ma pauv'Lucette ! » Mon sourire disparaît de nouveau et sans crier gare je me lance à l'assaut. Mon adversaire a prit ses précautions et a fait quelques pas en arrière pour créer de la distance entre nous. En courant il me faut presque deux secondes pour couvrir cet espace et le mettre à portée de ma hache d'incendie. J'amorce mon swing ravageur mais m'aperçois que le bougre est passé par dessus une faille qui m'empêchera de prendre un véritable appuie et de séparer sa tête de ses épaules d'un seul coup. Je fais donc une vire-volte sur moi-même, portée par le poids de mon arme- et j'envoie un coup d'estoc du plat de l'engin. Je me baisse légèrement pour être au niveau de son abdomen et ainsi pouvoir le heurter là où ça fait mal. Sa batte tendue vers moi, il me donne l'impression de chercher à parer un coup qu'il ne voit même pas venir. Pense-t-il que la pointe de son bâton va me faire reculer ? Si c'est le cas, il se trompe légèrement. Et pourtant, je ne m'attendait pas à ce qui allait m'arriver...

50 places vie 05/10

Il expire, déjà lassé. Nemo ne s’est jamais retrouvé dans ces espèces de duel de l’ancien temps, 1v1 et dont les deux adversaires ont conscience de l’enjeu. Leurs vies. Du moins, l’une. Il n’y a pas tant de risques après tout, mais c’est la première fois qu’il se retrouve face à un adversaire. Alors il agrippe sa batte avec un sourire, parce qu’au pire quoi ? il meurt ? son chiffre ne fera que se transforme, encore, il s’inquiètera quand ses points de destins tomberont en dessous de trois, ou même deux. Jusqu’ici, il est le renard à neuf queues, ou un chat possédant ses neuf vies. Ou alors le soleil lui a tapé sur la tête, suffisamment pour lui faire croire qu’il a une chance, et qu’il ne serait pas de meilleur augure que d’essayer de s’enfuir, quitte à laisser un bras haché menu par l’arme de son adversaire. Mais son geste est lent, trop lent, ou alors il a beaucoup de chance. La hache s’enfonce de quelques millimètres dans sa batte au bois déjà strié et il profite de l’effet de surprise – lui-même surprit, cette pauvre batte qu’il laissait pendre devant lui vient de sauver sa vie – et utilise les secondes pour la repousser. « Voyons, tu peux faire mieux ! » Il sourit quand elle s’offre à sa merci par cette erreur et il l’envoie valdinguer d'un bon coup de batte contre un  mur qui s’effrite légèrement en bruit menaçants. Quelques pas à reculons et il se demande vaguement si le craquement provient de son ennemie ou du sol en train de se foutre en l'air.

   

50 places vie 10/10