Alors, quoi de neuf ? ♦ Daredevil

Quinn & Kilmeny
Alors, quoi de neuf ?

La pluie tombe comme des trompes, comme si le jour du Jugement dernier est là. Phoenix a connu meilleure connexion. En moins de deux, elle est trempée. Elle va vers l'abri le plus près, soit des arbres, n'avançant pas très rapidement à cause de la boue, sachant très bien que c'est loin d'être prudent s'il y a des éclairs elle peut risquer de perdre une vie, mais elle n'a pas d'autres idées pour l'instant. Elle ne voit pas grand-chose et ne se rappelle pas d'un meilleur abri dans le coin où elle est. Moins de cinq minutes plus tard, la pluie s'arrête brusquement, le ciel se dégage rapidement, il ne tarde pas à n'être que bleu sans la moindre trace de nuage et le soleil brille. Elle sort de sous le couvert des arbres, secouant ses cheveux pour essayer d'en faire tomber l'eau le plus possible, enlève son gilet pare-balles pour le secouer et tord son chemisier comme elle peut. Elle avance, cela fait des squishs pas très subtils à cause de la boue et de ses souliers, se dirigeant vers son QG qui doit être à une vingtaine de minutes de là où elle est. Elle a pu prendre une porte plutôt près du chantier la dernière fois.

Le soleil réchauffe et sèche, mais elle se sent toujours humide après cette averse, même une vingtaine de minutes après. Il est vrai que c'est surtout au niveau de son jean, qui traînant par terre, récupère la boue et l'eau. Elle rencontre quelques joueurs en chemin, mais réussit à se cacher avant de les rencontrer. Méthode comme une autre afin d'éviter les affrontements. Elle ne sent pas vraiment d'humeur à courir, de toute façon vu le sol par encore totalement sèche, elle risque de perdre un soulier en essayant. Elle est restée collée deux fois jusqu'ici. Elle est presque arrivée au quartier qu'elle voit une tête brune qu'elle reconnaît plutôt bien. — Quinn ? s'exclame-t-elle, sans pouvoir se retenir. Sa voisine. Son amie depuis quelques mois à présent. Sa cuisinière préférée aussi. Elle ne s'attendait pas à la retrouver ici. Elle ne sait pas pourquoi elle est surprise. Qui ne joue pas ? Et qui en parle ? C'est tabou et interdit. Ce qui n'est pas vraiment le meilleur des sujets de conversation. — Phoenix. se présente-t-elle. Vie privée, intimité, etc. Elle ne l'a pas fait précédemment, la jeune femme pourrait donc très bien crier ''Kilmeny'' à son tour si elle le souhaite, mais ensuite, cela lui semble être bien mieux si elles se nomment par leur pseudo.

Comme avec chaque rencontre, c'est toujours compliqué. Est-ce qu'elle va prendre en compte leur relation à Chicago ou bien elle va se dire que le jeu, c'est le jeu, et peu importe le reste ? Elle sait très bien que la grande majorité des joueurs se laissent aller ici, et elle ne pense pas qu'elle va le prendre mal si la brune décide de la tuer ici. Tant qu'elle ne le tente pas à Chicago, ça devrait aller. — Tu fais quoi par ici ? lui demande-t-elle. Comprendre, sur le territoire des Atom. À moins qu'elle ne soit une nouvelle joueuse, elle ne pense pas qu'elle en soit une.

L’averse, brutale et éphémère, avait trempé le diable rouge jusqu’aux os. Les tracés sombres sur son visage s’étaient dilués à cause de l’eau et elle n’avait pas pu trouver de Tectorum pour se peindre à nouveau – à dire vrai, sa principale préoccupation sur le moment avait été de trouver un abri. Ses bottes s’enfonçaient toujours plus profondément dans la terre boueuse, lui rappelant la douloureuse expérience dont elle avait souffert récemment. Après avoir été prise dans des sables mouvants, l’éclaireuse redoublait de vigilance avant de poser les pieds sur le sol. Ça, et elle se gardait bien d’entraîner qui que ce soit dans son sillage à présent. C’était une mauvaise idée à l’époque et ça le restait. Elle n’était pas faite pour se soucier d’une équipe, même restreinte. Daredevil travaillait mieux en solo.

Progressivement, la moisson laissa place au soleil, et elle accueilli ce changement météorologique avec un soupir soulagé. Si elle appréciait en temps normal la pluie, se retrouver coincée dessous pendant plusieurs heures lui ôtait tout divertissement. Se remettant finalement en marche, Quinn essora sa crinière sombre, marchant le plus souvent sous les rayons pour accélérer le processus. Cartographier cette partie de territoire lui avait bien une journée entière et même si elle voulait terminer cette tâche au plus vite, elle avait besoin d’un moment de repos. Et de vivres, surtout. Or, se trouvant plus proche du QG des ATOM que du sien, elle s’aiguilla naturellement dans cette direction. Lorsqu’elle parvint aux abords du chantier naval, elle s’identifia auprès des patrouilleurs, leur expliquant les raisons pour lesquelles elle demandait asile.

Alors qu’elle quittait les gardes, se préparant à pénétrer dans l’enceinte, une voix la tira de sa monotonie. Une voix qu’elle n’aurait jamais pensé un seul instant entendre à Darwin’s Harbor. Instantanément, Daredevil se figea, ses traits fatigués s’agrandissant sous l’effet de la stupeur – Kilmeny ? Contrairement à la mère, elle se garda bien de laisser le prénom s’échapper d’entre ses lèvres. Ils étaient peut-être en terrain allié, mais une erreur pouvait coûter très cher dans ce jeu. Au fur et à mesure que sa voisine se rapprochait, elle reconnut avec plus de précision son sourire, ses grands yeux aux reflets noisettes. Cette vision l’apaisa plus qu’elle ne l’aurait cru ; c’était rassurant de croiser une véritable amie. Sans s’en rendre compte, Quinn expira un soupir.

« Daredevil. » Elle passa une main entre ses mèches encore humides. « Tu fais quoi par ici ? » La question fusa et un sourire s’esquissa chez la diablesse. « Des emplettes ? »

Réponse facile. Jetant un bref regard vers les bleus non loin, la jeune femme fit signe à l’agente de bord de se rapprocher, puis elle commença à marcher lentement vers le quartier général. Autant joindre l’utile à l’agréable. Epaule contre épaule, elles avancèrent doucement, leurs pas spongieux trahissant le moindre de leurs mouvements. Malgré elle, Quinn baissa les yeux vers leurs chaussures maculées de boue et saturées d’eau, se fendant d’un nouveau sourire.

« Toi aussi, elle t’a surprise ? Foutu jeu. » Elle secoua ses mèches cuivrées, inspirant une profonde goulée d’oxygène. « Alors, Phoenix, comment tu t’es retrouvée dans ce traquenard ? » Cette fois-ci, elle ne parlait pas de la pluie, mais Kilmeny avait sûrement deviné ça. Une pensée de l’Anglaise fut pour la fille de sa voisine, une gamine un peu moins irritante que les autres morveux de son âge. Elle n’avait jamais réellement songé à ce que les autres joueurs puissent avoir des proches, des familles, des enfants. « Tu t’en sors ? »

Daredevil, se soucier d’autrui ? Peut-être. Peut-être un peu. C’était Kilmeny, après tout. Elle n’aurait pas aimé apprendre un beau jour que son pique-assiette favori avait été fauché par le jeu.

50 places vie 20/20

Pas de fuite, pas de tentative de combat, juste deux amies qui se rencontrent quelque part. Ce qui la soulage, Phoenix n'aurait pas voulu se défendre, cela lui aurait fait trop mal. Cela l'aurait trop déboussolé aussi. Elle regarde les mains de Daredevil, puisque c'est ainsi qu'elle se nomme ici, jugeant du nombre de sac qu'elle a ; aucun. — Les boutiques sont pas géniales ici. commente-t-elle. Pour les fans de magasinage, ce n'est pas du tout pratique. Elle suit la jeune femme, se joignant à sa marche lente. Elle hoche la tête ensuite. — Avoir su j'aurais amené du savon. Pour se laver sous la pluie. Idée comme une autre. L'inévitable question fut ensuite posée. Que faisait-elle ici. Elle ne le sait plus. La curiosité, l'effet mode dans lequel elle tombe toujours trop facilement, l'effet de nouveauté et les vraies découvertes... elle regrette, et continue de le faire de plus en plus. — J'ai voulu savoir ce que c'était... Elle laisse sa phrase en suspens, la suite est facile à savoir : elle est devenue accro et ne peut pas s'arrêter de jouer. Ce qui est loin d'être pratique puisqu'elle n'est pas la seule à être tombée dans ce piège. Piège dans lequel une grande partie de la planète est tombée, pour son plus grand malheur au rythme où vont les choses. Elle travaille un peu moins, pour des vols moins internationaux. Ce qui amène toujours une déception chez Anne, lorsqu'elle lui ramène une carte postale d'une ville américaine et non pas d'ailleurs. Ce n'est pas de sa faute, elle est même inquiète, s'il n'y a plus de vol, elle n'a plus de travail. Petite tradition qu'elle a implanté assez tôt lorsqu'elle a pu commencer à la voir de manière régulière. Elle semble toujours comprendre plus lorsqu'elle lui dit qu'elle va lui ramener une carte de où elle a été. Parfois, elle ne dépasse pas l'aéroport ou bien l'hôtel non loin, mais ça, elle n'est pas obligée de le savoir.

Chez elle, cela amène surtout de l'inquiétude de savoir encore moins de quoi demain allait être fait. Elle n'a pas beaucoup d'économie, elle ne pourrait pas survivre bien longtemps de manière financière sans travail. En même temps, est-ce que quelqu'un allait s'en préoccuper dans quelque temps ? Quand tout ne serait que chaos encore plus, l'économie encore au plus bas, peu importe ce que pouvait dire cette Melinda Humphrey, la dépendance au jeu est forte. Bientôt, c'est peut-être elle qui ne va plus vouloir aller travailler. Cela est arrivé à quelques uns de ses collègues, bien que rien n'ait été dit officiellement. Ça lui fait peur de devenir comme ça. Elle espère que Melinda continue comme ça, même si elle doute, l'éternelle optimiste en elle s'avouant un peu vaincue pour une fois, qu'elle va être écoutée. Du coup, elle ne sait pas trop comment elle s'en sort, comme cette question vient de lui être posée. Elle ne sait pas quoi répondre, ni comment répondre. — J'pense que oui. répond-elle tout de même, faisant bonne figure, se contentant d'un sourire, car mentir elle est plutôt nulle là-dedans. Il lui reste encore ses dix vies, elle est plutôt constante à ce niveau. Elle évite les combats, c'est une assez bonne méthode pour éviter d'en perdre. Elle fonctionne encore très bien en société, alors, elle doit assez bien s'en sortir.

— Et j'vais y'aller avec un original... et toi ? demande-t-elle, à son tour, riant ; jaune un peu car au final, ça n'a rien de drôle. Parce qu'elle ne voit pas trop comment le lui demander, car elle veut savoir, autrement. Il est vrai que c'est facile de mentir... enfin, quand on arrive à le faire. Point de poker pour elle, elle n'arrive pas à ne pas être expressive.