entertain my faith (célestian)

entertain my faith

Déimos débarque dans son asile coloré avec la rage d'un échappé. Les portes s’abattent contre le mur quand il les bouscule d'un coup d'épaule assuré, brisant la charmante agitation de ce coup d'éclair qu'il envoi sur l'assemblée. Quelques regards posent leur ailes sur son visage détraqué en quelques battements de cils réguliers. Mais le monstre de foire n'a que faire des murmures qui courent entre les tables. Après tout, il sait pertinemment que chacun sera revenu à ses préoccupations de pauvre innocent dans quelques inspirations partagées, qu'on l'aura oublié tout aussi vite qu'il est entré. C'est dans la nature pourpre d'agir ainsi, de même que l'indifférence notable que Déimos porte à ces interrogations entre-mêlées qui flottent dans l'air embrumé est codé dans sa manière de penser.
Pourtant, aujourd'hui plus qu'un autre jour, Déimos a ces propres raisons secrètes de ne pas rendre le moindre regard qu'on lui prête.
Il a les yeux d'un fou.
Son cerveau embrouillé fulmine de mille pensées. C'est l'espoir qui s’immisce dans son âme accidentée, l'effervescence causée par cette lumière de l'autre côté du tunnel infini qui sert d’allégorie à sa malédiction de souffrance. Le calvaire de l'endeuillé. Dorian a toujours été une chimère dans cet univers formaté, un esprit de fantaisie aux milles théories, un éternel incompris, mais il avait cru trouver un semblant de paix avec la destiné lorsque celle-ci lui avait présenté une prénommée charly, angélique candeur, incarnation de tolérance. Il touchait le bonheur du doigt lorsque le sadisme des astres mal-alignés lui a retiré sa source de splendeur, son baume à l'âme et l'étincelle de ses yeux écarquillés. Déimos a vu le jour sous l'emprise de la rage face à une injustice sans visage, et l'enfant possédé par ce démon pixelisé est mort dans un sang qui n'était pas le sien; noyé dans l'hémoglobine des victimes de ses tortures, ceux qu'il était toujours persuadé d'être meurtrier de son sourire avant de toujours finir détrompé. Un cercle vicieux duquel il n'est jamais sorti.
Pourtant, à de trop nombreuses reprises, la fatalité a ravivé en son coeur l'espoir perdu d'un jour goûter la vengeance tant attendue. Un simple visage entre les feuilles, une silhouette sur les avenues, une chevelure dans le désert : son reflet, comme dans un miroir, à chaque coin d'oeil attentif ou entre deux clignements de paupières synchronisés.
Alors il sait. Comment douter ?
Cette illusion impossible, c'est son graal, son dû.
Cette écho de lui-même est le destructeur de son bonheur passé.
Il se doit de l'éliminer.
Déimos débarque dans le qg dans un nuage de poussière, traversant la pièce en deux de quelques enjambées jusqu'à rejoindre le placard organisé de ses armes empoisonnée.
Le métal caresse langoureusement sa peau.
Aujourd'hui, la chasse est ouverte. A la clé: son propre bonheur oublié.

(c) chaotic evil

entertain my faith.

Céleste & Dorian.

C’est une âme fugace. Une âme qui semble avoir perdu tout son poids et qui est à la recherche de 21 grammes pour se redonner un peu d’importance. Une âme qui s’enrage, qui s’effrite et se décompose à vue d’œil.

C’est un petit poucet qui laisse un tas de colère derrière lui pour qu’on le retrouve.
Mais comment le retrouver si lui-même ne sait plus où il est, mais surtout qui il est ?
J’ai connu un Dorian.
Mais lui se croit autre.
J’ai connu un frère.
Il me regarde comme une inconnue.

Le petit poucet est face à un océan de question et il fait du ricochet avec ses pierres – sur son âme esseulée.

Mais malgré ce nouveau nom. Ce nouveau pseudo. Ces nouveaux traits – il reste le même. Un étranger semblable aux souvenirs longtemps gardés dans un coin de ma tête. Alors, lorsque ses afflictions se réveillent et lorsque sa colère s’agite, je vois en lui comme un essai de renaissance. Il s’entête à essayer de se réveiller en s’écorchant le cœur, alors qu’il est juste en train de s’enfoncer un peu plus la gueule sous terre.

Dorian t’es presque mort.

Et tu veux tuer.

J’ai aperçu ton regard croiser celui de ton autre toi. Au début, on aurait cru à des retrouvailles ; à un renouveau. Mais non. T’as la mémoire cramée et avec elle le bon sens s’en est allé. Ta meilleure amie s’appelle vengeance et elle te tient par la main en ce moment même. Je la vois même ricaner de temps à autre lorsqu’elle se penche sur ton oreille pour te pousser à convulser de terreur – t’es effrayé par tes propres pensées.

Dorian t’es complètement mort.
Mort et re-mort ;
Mort de remords.

Alors je suis obligée de me mette face à toi. Mon regard essaie de creuser le tien pour y déceler un peu d’empathie – et surtout de la logique.
Mais je n’y vois que de l’incompréhension, et beaucoup de nervosité.
Ma voix, elle, essaie de te réveiller. Le ton est bien plus doux que celui qu’aime prendre Prométhée ; tout simplement car, ici, c’est la gamine qui aimait bien prendre tes fringues pour jouer au garçon qui parle.

C’est ta sœur, qui parle.

Pour la première fois depuis une éternité qui elle-même s’est abandonnée tant elle s’était échouée dans un tas de morosité.

- Ne fais pas ça, Dorian. Déimos. Le sang de la bestialité te tire les traits et je suis obligée de poser ma main sur la tienne pour pouvoir articuler: C'est ton frère. C'est ton frère... Ne fais pas ça.