C'est brumeux, c'est risqué de s'aventurer dans la forêt par cette température, je ne sais pas trop où je mets les pieds. Mais je peux pas partir, je dois la lui faire fermer définitivement à ce type habillé en une sorte de Spider-Man (sans bleu, mais avec du noir à la place). Je ne sais même pas comment il fait pour être toujours ici avec ce qu'il dit. Des insultes, encore et toujours. Le pire c'est qu'il pense que c'est des compliments. Pas sur moi. Je l'ai retrouvé par-hasard, ne tenant pas tant que ça à le retrouver pour me venger, alors qu'il ''parlait'' à je ne sais trop qui que j'assommais rapidement d'un coup de batte. Nous avons commencé à nous battre, à nous avancer de plus en plus dans cette forêt. À nous avancer un peu trop en réalité, car nous avons atteint le bord. Nous devions être près de la rivière.

Je me sens tombée, je me raccroche à lui sans trop y penser, mais cela ne m'aide pas du tout. Nous chutons, nous glissons. Nous étions proche du bord de la falaise, nous l'avons aidé à s'éroder. Cela allait être la conclusion que j'allais en tirer quelques minutes plus tard. Là, je suis pas vraiment en état de réfléchir. J'ouvre les yeux un instant plus tard, ayant mal un peu partout. Je me relève, lentement. Je saigne un peu, je crache par terre le sang qui c'est accumulé dans ma mouche. Le bord de ma lèvre, la mâchoire me font mal. Je dois avoir un poignet de foulé si je me fie à la douleur. Le point positif c'est que nous sommes pas tombé dans l'eau. Le point négatif c'est que nous sommes pas tombé dans l'eau. Nous étions suspendus sur un bout de rocher qui dépasse de la falaise, plus au moins à mi chemin entre le haut et le bas. Ce qui ne nous laisse pas beaucoup d'options. Il n'y a pas beaucoup d'espace, et le peu que j'ai bougé, cela l'a fait bouger. Je me penche sur le bord, lentement, regardant la rivière, me demandant si me jeter dedans serait une bonne idée. C'est peut-être trop haut et je me briserais le cou en touchant la surface de l'eau. À moins de finir dévorée par un Mob aquatique inconnu. Que d'options.

Je me retourne, entendant bouger. Je n'ai pas eu le temps de partir, et vu son niveau de conversation, je me demande si je ne devrais pas le pousser en bas. Sauf que je ne voudrais pas lui faire l'honneur de le toucher avec mes mains. Il est excité avec ma batte, alors un contact direct... je préfère ne pas y penser. Je regarde autour de moi, je ne vois pas ma batte, mais mon couteau est toujours dans ma poche. Je suis prête à l'affronter, bien que je préférerais me concentrer sur la remonter. Qui est bien loin et bien haute.

Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça, je suis une bonne joueuse (dans le sens où je n'ai plus de mal à tuer comme au début et que j'aime de plus en plus le faire; à moins que les bons se soient comme ces Atom? Dans ce cas là je dois être une mauvaise joueuse... bref, je ne préfère ne pas penser à ce point), alors je ne comprends pas trop pourquoi je dois subir cette épreuve avec lui. J'aurais pas pu tomber sur quelqu'un de moins porté sur la causette ? Je déteste parler et je déteste écouter les autres. Je n'ai rien contre la bruit de la circulation, celui de la musique ou de la télévision. Mais devoir tenir compte des sentiments, des émotions, et que sais-je d'autres encore, je trouve ça d'un chiant... une chance qu'ici c'est bien moins pire. Sauf que ça ne me plaît pas plus de ne pas être sourde et de ne pas entendre les conneries qu'il dit. Il vient justement d'en dire une autre : même pas mal. Je vais le croire quand il va commencer à pleuvoir des grenouilles.

Il ne s'arrête pas là, je pense qu'il ne connaît pas ce terme, et me dit que je suis une jolie (il s'améliore... mais je ne vais pas tomber pour lui, je n'étais jamais tombée pour personne après tout) jeune femme désarmée. Pas si désarmée que ça. J'ai mon couteau et des professeurs de corps à corps. J'ai toujours des dents aussi. Bref, je me contente de l'ignorer et de regarder vers le haut. À mes yeux, c'est une montée facile, en temps normal. Avec mon poignet non coopératif, je ne pense pas être capable de grimper. Sans cela, j'aurais été capable de le faire sans problème. Je compte essayer tout de même. On ne sait jamais, peut-être que je vais avoir de la chance.  Je m'approche de cette dernière, regarde les prises, autrement dit des saillis, des trous, autres imperfections, que je vois. Je me mets à essayer de grimper, voir si seulement avec une main cela va fonctionner. La réponse vient vite, ça ne marche pas. Je suis plus au moins coincée, car la bonne prise est trop loin de ma main, mais serait à portée de mon autre. J'utilise ma main blessée, au cas où cela ferait moins mal que prévu, mais je tarde pas à grimacer et à laisser échapper un petit cri de douleur. Je regarde les autres endroits, essayant de voir si commencer ailleurs pourrait tout de même se faire. Je ne tarde pas à redescendre. Je ne vois rien qui est simplement du même côté.

Je vais, malheureusement (et c'est un bien faible mot), devoir accepter sa proposition de me faire grimper à la falaise. Bien que quelque chose me dit que nous n'avons pas la même sorte de proposition en tête. « Une trêve ça te va ? » demandais-je. Et avant qu'il ne réponde, je continue. « Si on s'entretue ici, on va revenir ici et un de nos deux va avoir le même problème... on continue de se battre une fois en haut ? » je suggérais-je. Et cela me coûtait beaucoup. Mais je ne me vois pas rester à attendre ici (surtout avec lui), que quelqu'un passe peut-être et vienne nous aider, ou encore à me jeter dans l'eau et à espérer ne pas perdre de vie, je ne vois pas d'autres solutions. À part me tuer, espérer être guérie, et pouvoir grimper seule... mais je vais perdre une vie. Ce que je veux éviter le plus possible. « À moins que t'ailles une autre idée. Des fils d'araignée sortant de ton costume ? » On ne sait jamais, ici.